Pologne 1 mois - 1105 kilomètres - Poland 1 month - 1105 km
Dukla, la première ville polonaise n'a qu'un hôtel et il est complet. -Krosno une ville plus importante est encore à 20 kilomètres.
Ennuis mécaniques et chute
Depuis deux jours la roue libre fait des siennes en coinçant de temps à autre. Au sixième kilomètre en Pologne elle lâche brusquement alors que nous sommes en montée. C'est la chute. Nous nous relevons avec peine. Pendant ce temps trois voitures passent en s'écartant un peu mais personne ne s'arrête. Le cliquet de la roue libre est cassé. Nous n'avons plus qu'à marcher jusqu'au premier village qui se trouve à trois kilomètres.
Un marchand de pneus, très obligeant, nous propose de nous emmener avec son fourgon à Krosno. Une demi-heure suffit pour nous y rendre et trouver un hôtel 3 étoiles. Nous remercions notre accompagnateur qui ne veut être payé que d'une chaleureuse poignée de mains.
Sous la douche nous constatons de petits hématomes à l'épaule et au coude gauche pour moi et des rougeurs à la fesse droite pour Bernadette.
Pour nous réconforter nous faisons monter le dîner dans la chambre. Un Beaujolais Villages nous remet totalement de nos émotions.
Krosno est une ville ordinaire. Nous avons la chance d'y trouver un réparateur de cycles qui nous monte une roue avec moyeu à cassette.
Lorsque nous repartons les ecchymoses sont un peu sensibles. A midi nous trouvons un petit restaurant avec des patrons sympathiques. Nous y mangeons bien et au départ on nous salue de la main. Le soir nous plantons la tente aux abord d'un hameau. Les habitants ne semblent pas avoir très envie de nous voir là.
Le lendemain après cinq cents mètres nous passons devant un hôtel. Nous comprenons alors notre méprise sur le comportement des gens hier au soir. En tendant le bras dans la direction que nous venons de prendre ils nous indiquaient un endroit ou dormir.
Piotr.
A dix kilomètres de Tarnow un fourgon blanc immatriculé à Paris s'arrête devant nous. Deux hommes en descendent. Le plus jeune à l'accent des faubourgs parisiens. Il se présente comme polonais habitant Paris. L'autre homme est son père. Il ne parle pas français. Après quelques minutes de conversation nous sommes invités à camper dans le jardin de la maison que fait construire le père pour son fils Piotr. Nous convenons de nous retrouver à 17 heures à la sortie de Tarnow en direction de Krakow. Avant cette heure nous déjeunons en ville puis visitons une partie du centre. S'y trouve un superbe beffroi et une très belle église en briques rouges. Les immeubles laissent présager une certaine opulence.
A l'heure fixée Piotr et son père arrivent au rendez-vous à vélos. Ils ont préféré ce moyen pour nous montrer le chemin. La maison du père est tout près de celle de Piotr (dont le gros oeuvre est terminé). La douche prise et la tente montée on nous informe que nous sommes invités à passer la soirée chez la soeur du polonais, (cette soirée était prévue avant de nous rencontrer).
La soeur habite un quartier résidentiel. Les maisons sont spacieuses avec de grands jardins. Nous sommes accueillis comme si nous étions de vieux amis. Un barbecue est prévu. Le feu est allumé entre des pierres. Les flammes montent à notre arrivée à plus d'un mètre de haut. Se trouvent présents Piotr, son père et sa femme, la soeur et son mari, un frère de Piotr et sa jeune épouse, le fils de la maison et sa petite amie.
Lorsque la vodka est servie nous pensons que c'est l'apéritif. Nous comprenons rapidement que ce sera la boisson de la soirée. Prenant nos précautions nous laissons le moins possible de place dans nos verres. Les plats , salades, viandes grillées, charcuterie, fromages sont servis sans ordre particulier. Nous discutons beaucoup. Piotr fait la traduction simultanée. De nombreuses histoires drôles sont racontées, notamment sur les russes par le mari de la soeur (ingénieur à la retraite). Les popofs sont brocardés en tous sens. Nous rions beaucoup. ces histoires sont un peu une revanche. <>
En les quittant nous remercions ces gens qui nous ont si bien reçus.
Au matin la tente est encore humide des averses de la nuit. Dans le ciel courent de lourds nuages noirs. Avant le départ nos hôtes nous gavent d'un copieux petit déjeuner.
Piotr et son frère nous accompagnent jusqu'à la route nationale. Avant que nous les quittions une grosse averse nous trempent tous les quatre.
Tarnow - soirée chez la tante de Piotr (debout au centre avec le chapeau) Tarnów - evening the aunt of Piotr (standing in the Center with the hat)
Durant la journée les averses se succéderont. A Bochnia nous trouvons une chambre dans un petit hôtel ancien mais c'est très propre. Après avoir dîné dans la chambre de nos provisions nous sombrons dans un profond sommeil.
14 juillet. Jour ordinaire en Pologne. Enfin du beau temps
A une dizaine de kilomètres de Krakow (Cracovie) à Wieliczka nous trouvons un camping bien aménagé. Nous ne pourrons pas trouver mieux plus loin. Nous pensons rester quelques jours. De là nous pourrons aller à Cracovie et les sinistres camps de concentration d'Auschwitz.
Krakow - Cracovie
Un train omnibus relie Wieliczka à Krakow. Une demi-heure suffit pour atteindre le centre. La ville est très agréable avec ses grandes places, ses rues piétonnes. Les bâtiments sont superbes. La cathédrale et les églises sont remarquables (nous sommes dans la ville de Jean-Paul II). Le château est aussi très visité. Les cafés et restaurants avec leurs terrasses qui débordent largement sur la grande place attirent beaucoup de monde.
A la gare, ne trouvant pas le guichet pour acheter le billet de retour nous décidons de monter dans le train sans titre. Dès que nous voyons le contrôleur nous lui en demandons. Il nous les établi sans supplément. N'ayant pas la monnaie il demande aux voyageurs. Devant tant d'obligeance nous lui laissons un substantiel pourboire. En retour nous avons un merci et un large sourire.
Cracovie - la place centrale et la cathédrale Krakow - the central square and the Cathedral
Cracovie - promenade dans la vieille ville Krakow - promenade in the old town
La mine de sel de Wieliczka
La mine de sel de Wieliczka est une des plus anciennes d'Europe. <>. La partie ouverte à la visite a été exploitée du XIIIème au XXème siècles. On peut y admirer des excavations minières soigneusement conservées, des machines anciennes et des engins d'autrefois ainsi que des particularités de la structure des gisements de sel. Elle illustre 700 ans de l'industrie du sel en Pologne. Elle a été un atout important pour la Couronne Polonaise puisqu'elle apportait jusqu'au tiers des rentrées du Trésor. Les deux heures et demie passées à parcourir galeries, chambres, cathédrale souterraine, statues de sel (dont une de Jean Paul II), voir aussi tous les matériels exposés. A la sortie nous sommes ravis de la visite. Encore sous le charme, avant de quitter notre guide, une jeune étudiante, je lui glisse un billet de 20 zlotys dans la main.
The Wieliczka salt mine
The Wieliczka salt mine is one of the oldest in Europe. < It is worn in the register of monuments of UNESCO since 1978 on the list of world heritage of Culture and Nature >. The part open to the visit has been exploited from 13th to 20th centuries. You can admire mining excavations carefully preserved, old machines and gear of yesteryear as well as peculiarities of the structure of the salt deposits. It shows 700 years of industry of salt in Poland. She was an asset to the Polish Crown as she brought up one-third of Treasury receipts. Two hours and a half passed to browse galleries, rooms, Cathedral underground, statues of salt (which one of Jean Paul II), see also all materials exposed. At the exit we are delighted to visit. Still under the spell, before leaving our guide, a young student, I slip him a ticket of 20 zlotys in hand.
Wieliczka - dans la mine de sel avec l'orchestre Wieliczka - in the mine of salt with the Orchestra
AUSCHWITZ - Journée poignante
De Wieliczka à Krakow nous prenons le train puis de Krakow à Auschwitz un bus.
Nous sommes déposés près du camp numéro 1 d'Auschwitz transformé en musée. Sans guide la visite est gratuite. Nous achetons tout de même , pour faciliter la visite, les plans d'Auschwitz 1 et d'Auschwitz 2 (Birkenau)
L'émotion nous serre à la gorge dès notre entrée dans la camp n°1. Malgré le grand nombre de visiteurs nous avons un curieux sentiment de solitude. Nous parcourons les allées entre les bloks en songeant aux millions de malheureux qui, il y a soixante ans, y marchaient le dos courbé. Les baraques en briques rouges sont sinistres. Dans les blocks, des photos, images, dessins, témoignent des horreurs commises par les nazis. Les mètres cubes de cheveux, les milliers de lunettes, les prothèses, jambes articulées, valises aux noms marqués (pour ne pas être perdues) et autres objets nous empêchent de parler. Nous décidons, bien que certains n'hésitent pas à le faire , de ne pas prendre de clichés en mémoire des hommes, femmes et enfants, martyrisés ici. Pendant une heure et demie, les yeux embués, l'estomac parfois au bord des lèvres, nous parcourons les allées et les blocks où vivaient dans la crasse et couverts de vermine les esclaves du Reich. Nous pensons qu'après des journées de travail harassant ils avalaient une maigre soupe et du pain noir rassis en essayant d'oublier les coups et la mort semés dans la journée par les SS et les kapos.
Après une courte pause nous prenons la direction d' Auschwitz 2 - Birkenau. Nous y découvrons un terrain plat à l'écart des habitations du village polonais. La sinistre voie ferrée passant sous le porche et qui pénètre dans le camp sur plus de cinq cents mètres (ce sera la seule photo que nous ferons). Sur la droite, sur plusieurs hectares, des restes de baraquements au niveau du sol. A gauche, des baraques de briques rouges à un seul niveau subsistent et sont entretenues pour que le souvenir demeure. Au fond du camp, au bout de la voie ferrée se trouvaient les <> après lesquelles étaient alignés les crématoires. Ces installations ayant été dynamitées par les allemands avant leur départ du camp n'existent plus. A leur place un mémorial a été dressé. A cet endroit nous avons de la peine à imaginer qu'en un lieu si calme se sont passées des horreurs. Les fantômes des femmes, enfants, hommes, jeunes et vieux, amenés ici de force, éperdus après des jours de voyage dans des conditions effroyables allaient (pour 75%) être dirigés directement vers les douches et les chambres à gaz. Leur sort pourtant peu enviable était-il meilleur ou pire que celui de celles et de ceux qui considérés comme aptes au travail allaient pendant des semaines, des mois, souffrir mille châtiments, privations, manque d'hygiène, avant de mourir d'épuisement ou d'un coup de pistolet d'un SS, lequel aura trouvé que le travail se faisait trop lentement. La visite des blocks où s'entassaient à cinq, sept, par châlit les déportés met une fois encore à rude épreuve notre compréhension du genre humain lequel peut se révéler être fait du meilleur comme du pire.
Sur le chemin du retour, silencieux, nos esprits vagabondent sur d'autres crimes commis depuis en d'autres endroits, Sabra et Chatila au Liban, les camps et les fosses de Bosnie Herzégovine, le Rwanda et bien d'autres qui malheureusement sont déjà presque oubliés. Dans tous les peuples nous trouverons quand il le faudra des tortionnaires, des kapos, des docteurs Mengele, des Milosevic ou encore des Sadam Hussein. La mémoire ressemble plus souvent à la fumée qui s'étiole dans le ciel sous le souffle du vent qu'à un bloc de granit où reste gravé au burin le passé.
AUSCHWITZ - Poignant day
Wieliczka in Krakow we take the train and then to Krakow to Auschwitz a bus.
We are deposited near the camp number 1 Auschwitz turned into a museum. Self-guided visit is free. We buy everything Similarly, to facilitate the visit, Auschwitz 1 and Auschwitz 2 (Birkenau) plans
Emotion squeezes us the throat as soon as our entry into the camp n ° 1. Despite the large number of visitors we have a curious sense of loneliness. We travel the aisles between the bloks in mind the unfortunate millions who, sixty years ago, there went the curved back. The red-brick shacks are grim. In the blocks, pictures, images, drawings, bear witness to the horrors committed by the nazis. The M3 hair, thousands of eyeglasses, prostheses, jointed legs, suitcases to the names marked (to not be lost) and other objects prevent us from talking. We decide, although some do not hesitate to do so, do not take pictures in memory of the men, women and children, martyred here. For an hour and a half, eyes fogged, stomach sometimes on the edge of the lips, we travel the aisles and blocks where lived in the dirt and covered with vermin slaves of the Reich. We believe that after days of strenuous work they ingest a thin soup and black bread stale trying to forget the blows and death planted in the day by the SS and the kapos.
After a short break we take the direction of Auschwitz 2 - Birkenau. We discover a flat field away from the houses of the village. The sinister railway passing under the porch and that enters the camp on more than five hundred meters (this will be the only photograph we will do). On the right, on several acres, remains of barracks at the ground level. Left, one level red brick shacks remain and are maintained to keep the memory. At the bottom of the camp, at the end of the railway were <> after which the crematoria were aligned. These facilities having been dynamited by the Germans before their departure from the camp no longer exist. Instead a memorial was drawn up. At this point we have the hard to imagine that in a so quiet place went the horrors. The ghosts of women, children, men, young and old, brought here by force, distraught after days of travel in appalling conditions went (to 75%) be directed directly to the showers and the gas chambers. Their yet unenviable fate was better or worse that those and those considered as able to work were going for weeks, months, suffer thousand punishment, deprivation, lack of hygiene, before dying of exhaustion or suddenly gun of an SS, which have found that the work was too slow. The visit of the blocks where they lined up at five, seven, by bedstead deportees met once again straining our understanding of mankind which may prove to be be done the best and the worst.
On the way back, silent, our minds wander on other crimes since in other places, Sabra and Shatila in Lebanon, camps and ditches of Bosnia and Herzegovina, Rwanda and many others who unfortunately are already almost forgotten. In all the peoples we will find when needed for torturers, the kapos, doctors Mengele, of Milosevic or even of Sadam Hussein. Memory more often looks like the smoke that wither in the sky under the breath of the wind to a block of granite which remains engraved in burin the past.
Auchwitz - Birquenau - la voie ferrée et le portique de sinistre mémoire Auchwitz - Birquenau - the railway and the portico of sinister memory
Après dix jours nous quittons Wieliczka. A midi nous déjeunons dans un restaurant ou l'on fait de la cuisine française. C'est bon. Nous exprimons notre satisfaction en la mentionnant sur une serviette de papier que nous glissons dans le porte menu resté sur la table. En soirée nous trouvons dans un champ, sur une herbe grasse, un endroit pour y poser notre tente. Un polonais passe à proximité. Il nous salue mais ne nous parle pas. Sa curiosité satisfaite il s'éloigne.