Petit tour au Maroc
Longueur des formalités et patience éprouvée
Moins de 40 minutes ont effectivement suffis pour toucher le continent africain. Là commence la ronde des fonctionnaires de police et de douane. Leur gentillesse n'est pas mise à défaut mais l'organisation est un modèle de lenteur et tractations tout d'abord c'est un individu portant un blouson au dos duquel sont mentionnées en arabe et en français écrivain public. Cet homme est censé nous faciliter les formalités. En fait, il courre d'un véhicule à l'autre essayant d'en faire un maximum par rapport à ses collègues. Après avoir rempli un formulaire d'après les éléments portés sur la carte grise du véhicule il nous rapporte le document. Ce faisant il sollicite une rémunération pour son travail. Comme à notre habitude (bien que nous avons vu la majorité des propriétaires de véhicule donner un ou deux billets) nous lui faisons part de notre désolation de ne pouvoir accéder à sa demande lui disant que ce travail ne lui a pas été demandé par nous mais imposé et qu'il doit demander à son employeur l'état, de le payer. Il rétorque qu'il est indépendant.. Nous restons sur notre position et il s'en va mécontent et bougonnant. La ronde continue par le ballet de deux douaniers, lesquels au lieu d'inviter les voyageurs à se présenter à un guichet font à leur tour un passage auprès des véhicules récupérant le document précédemment rempli. Une certaine pagaille est observée. Enfin après de longues et interminables dizaines de minutes nous voici possesseur de notre document d'entrée au Maroc pour notre Land Rover Defender. Nous avons traversé le Détroit de Gibraltar en moins de 40 minutes mais nous sommes restés plus de 75 pour avoir un papier.
La descente vers Agadir
Comme il est maintenant plus de minuit nous ne cherchons pas le camping de Tanger. Nous sommes presque persuadés qu'à cette heure il est fermé et nous n'avons pas la certitude de le trouver. Nous prenons donc, la direction de Rabat, sous la pluie.
Les villes d'Assilah, Rabat, se passent sans difficulté bien que la signalisation soit pratiquement inexistante. A Casablanca nous perdons du temps et notre chemin. Grâce à un veilleur de nuit d'une usine nous retrouvons enfin notre route. Fatigués et à cours de carburant nous décidons de nous arrêter dans une rue peu passante pour dormir un peu. Lorsque nous nous réveillons le jour commence à poindre et les stations s'ouvrent. Un retrait de dirhams à une guichet automatique nous ouvre les possibilités de remplir le réservoir et de prendre un petit déjeuner. C'est toujours sous la pluie, plus ou moins violente, que nous continuons. El jadidah, Oualidia et la pluie s'arrête. Les violences des précipitations ont gorgé les terrains d'eau et de nombreuses routes sont coupées par des torrents boueux qui cherchent par les pentes successives de rejoindre les oueds. Avec le Land Rover nous n'éprouvons pas de difficulté, contrairement aux voitures de tourisme, à franchir ces obstacles. Un moment pourtant, entre Oualidia et Safi nous nous risquons sur une route couverte de 30 à 40 centimètres alors qu'une fourgonnette est arrêtée, moteur noyé, au milieu de la chaussée. Le peu de bitume restant de part et d'autre de la fourgonnette nous oblige à rouler avec les deux roues gauches sur le bas coté, qui compte tenu de l'eau et de la boue, nous amène à un patinage en règle. Pour sortir de ce guêpier nous devons notre salut qu'à la petite vitesse enclenchée et ce en marche arrière uniquement. Nos roues retrouvant de la fermeté nous faisons demi-tour. Des gendarmes, théoriquement là pour empêcher le passage nous regardent passer, en ricanant, visiblement ravis de notre mésaventure. Les 30 kilomètres faits sur cette route, qui devait nous raccourcir, sont refaits à l'envers jusqu'à la bifurcation menant à Safi par la cote.
Boues et glissades assurées
Entre Safi et Essaouira*nous avons de nombreuses plaques de boue ayant glissées des terrains jusque sur la route. Nous devons y faire attention ainsi qu'au flaques d'eau énormes qui s'étalent sur la chaussée. La hauteur de notre véhicule et ses 4 roues motrices nous font franchir ces obstacles sans peine (ce qui n'est pas le cas des voitures légères, qui patinent et doivent être poussées par leurs occupants ou aidés par des habitants tout proche). La route Essaouira - Agadir est parfois quant à elle transformée en patinoire de quelques mètres à parfois plusieurs décamètres. Cette route que nous connaissons très bien pour l'avoir empruntée de nombreuses fois nous surprend. Ce qui nous surprend le plus c'est le manque de réaction des autorités pour faire revenir à une circulation normale. Nous comprenons très vite que le temps et le soleil nettoiera les routes et que les oueds actuellement en crues redeviendront à sec.
Retrouvailles
C'est avec une émotion non dissimulée que nous arrivons chez nos chers amis Janine Viel et Jacques Duménil. L'accueil y est chaleureux et le bonheur est partagé. Il s'ensuit une soirée riche en souvenirs et en projets.
Dans la semaine qui suit Noël nous nous promenons plusieurs fois en ville où nous reconnaissons les endroits où nous nous sommes souvent promenés. La Marina d'Agadir encore en travaux lorsque nous sommes partis est maintenant ouverte au public. Nous y allons pour satisfaire notre curiosité. Nous trouvons l'endroit agréable bien que peu de bateaux soient attachés aux anneaux.. Nous pensons qu'avec le temps les places seront un jour comptées.
L'année 2007 est morte. Vive l'année 2008
Nous fêtons l'agonie de l'année 2007 avec nos amis Janine et Jacques dégustant foie gras et autres mets délicieux. A 23 heures du Maroc nous recevons sur notre téléphone portable de nombreux voeux de ceux qui se trouvent sous d'autres latitudes. Une heure doit encore s'écouler avant que nous fêtions à notre tour l'année nouvelle.
Le lendemain nous recommençons nos libations avec d'autres français résidents au Maroc. Le soir nos estomacs chargés refusent de recevoir davantage (sauf Janine qui savoure une soupe harira qui semble excellente) mais c'est encore à plus de minuit que nous nous disons bonne nuit.
Déçus
Le 04 janvier nous apprenons que le Rallye Dakar est annulé. Nous avions prévu avec des français résidant à Agadir et sa région d'aller faire un tour sur le circuit dans le sud marocain. Nous somme déçus de cette annulation mais nous pensons aux concurrents, notamment les amateurs qui doivent l'être davantage que nous. Nous pensons même que l'avenir du Rallye est bien compromis.
05 janvier. Nous décidons en concertation avec quelques autres couples de faire quand même notre virée. Autour d'un bon repas auquel nous ont invités Jeanne et Philippe nous programmons l'itinéraire et faisons l'inventaire des besoins. Le départ sera pour mardi 08 janvier à 08 heures.
Virée sur les pistes
09 janvier. Après nous être ralliés chez Philippe et Jeanne nous partons à trois véhicules 4X4. Nous prenons la direction du sud en longeant plus ou moins la cote atlantique.
Plaisirs, enseignements, tensions
Plaisirs
Pendant les quatre journées que dure le raid nous avons l'occasion de voir et admirer des paysages divers. Nous passons, en effet, de la piste sablonneuse à celle où les cailloux roulent. Nous montons et descendons des pentes raides, roulons dans des oueds bordés de magnifiques dunes de sable. Nous traversons de nombreux villages où les enfants attirés par nos voitures viennent tout près en demandant qui, des bonbons, qui des vêtements ou un peu de monnaie. Si nos compagnons de route ont dormi dans des chambres d'hôtel de douars écartés de la circulation Bernadette et moi passons nos nuits au-dessus de notre Defender. Le silence nous plongent dans un sommeil de plomb. Nous apprécions aussi les haltes des déjeuners au cours desquelles nous sortons parfois tables et tabourets et grignotons, sur le pouce, tomates, grillades d'agneau, et buvons... du vin frais sorti de la glacière de Philippe.
Enseignements
Depuis l'achat du Defender nos déplacements s'étaient pratiquement toujours effectués sur route. Rouler sur pistes nous a permis de mieux connaître notre véhicule.
Placé en troisième et dernière position dans le convoi nous pouvions nous inspirer du comportement des autres conducteurs et de leurs véhicules.
Pour les franchissements sablonneux, caillouteux, humides, les premiers kilomètres sont franchis avec précautions. Ceci ayant pour effet, de nous faire distancer par nos compagnons qui à plusieurs reprises se sont arrêtés quelques minutes pour nous attendre. Les changements de vitesses répétés ont fait accuser à notre jauge de carburant une descente plus rapide que souhaité. Au cours des journées suivantes connaissant mieux les réactions du Defender notre vitesse s'est accentuée et la consommation est devenue plus raisonnable. Nous avions pour autant, par rapport aux autres participants, une charge plus importante avec notre couchage et notre coffre de toit et du matériel à l'intérieur du véhicule (ce dernier, pourtant bien assuré, sautait parfois de quelques centimètres faisant grand bruit en reprenant sa place. Par bonheur rien ne s'est cassé.
Le troisième jour, alors que nous roulions dans un oued, où des flaques d'eau stagnantes faisaient gerber l'eau de chaque coté des véhicules, une erreur de conduite nous fit nous écarter du sillage des deux 4X4 qui nous précédaient. En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire la roue arrière droite du Defender, enfoncée dans la boue, n'était plus visible. Malgré la petite vitesse enclenchée aucun mouvement du véhicule ne pouvait se faire. Bien au contraire, le poids semblait faire son ouvrage. Sans l'aide de nos compagnons, Philippe avec son Toyota Land Cruiser qui nous tirait, le dégagement des roues à l'aide de pelles, la poussée énergique de l'ensemble de nos compagnons, nous étions condamnés à rester là. Une fois sorti, la leçon était bien comprise...
Tensions
Dix personnes constituaient les équipes. Sans que cela fut déterminé par des mots les groupes se sont formés dès le départ par affinités.
Dans le premier véhicule Jeanne et Philippe auxquels s'est jointe par sympathie Janine afin qu'ils ne fussent pas seuls. Devant nous, avec son Mitsubishi Pajéro Jean-Jacques, son épouse Nicole puis Christian et Dominique deux restaurateurs de Dinard en vacances pour trois semaines au Maroc. Se trouvait, avec nous, notre ami Jacques.
Certains des participants de forte personnalité, qui à l'évidence ont l'habitude de se mettre en valeur, (réelle ou supposée), prenaient plus de place qu'ils auraient dû pour qu'une ambiance sereine soit constante. Ce qui pouvait amuser au début est devenu au bout du compte parfois déplaisant.
Écoutez-moi
L'un d'entre nous, qui se reconnaîtra et qui sera sans aucun doute reconnu à la lecture de ces lignes, s'est voulu le centre du groupe. Seul sa parole semblait devoir être entendue. Toutes histoires, boutades, voire plaisanteries (parfois de mauvais goût) étaient ponctuées d'écoutez-moi afin que l'assistance prête une oreille attentive... Par ailleurs, son manque de tact et d'éducation, tant à table (où il se servait sans parcimonie) que dans ses propos (toutes les personnes côtoyées lors de sa vie professionnelle ou dans la vie de tous les jours sont apparues comme des minables, dont il a semble-t-il su profiter). Lors de ses fanfaronnades nous constations que son épouse (qui semble mériter la plus grande estime) si elle ne confirmait pas se retenait parfois de dénier toute vérité aux propos tenus.
Un autre individu nous a aussi quelque peu dépités. Son comportement du début, tout en rondeur comme sa personne, s'est vite tourné vers l'aigreur, l'homme semblant en vouloir à l'humanité (mais surtout à la gent féminine). Des jugements à l'emporte-pièce, exprimés de façon très virulente, ont laissé le dernier soir une impression désagréable. Par ailleurs, son comportement (de cireur de bottes) vis à vis du précédent personnage était à la limite du ridicule.
En conclusion, sur le plan relationnel, il aura fallu aux autres membres de l'expédition de la patience mêlée d'indifférence pour que ces quatre journées se passent le mieux du monde. Il ne semble pas inutile d'ajouter que les boutades de notre ami Jacques ont souvent permis de détendre l'ambiance. Son coté bouffon nous a fait découvrir un homme, observateur, intelligent, empreint de sagesse. Nous lui laissons le bénéfice de la réussite de l'expédition sur le plan humain. Merci Jacques