Remontée vers le Nord (Chili/Argentine) - Ascent to the North (Chile/Argentina)
Les réjouissances de Noël passées nous partons ce samedi 26 décembre d' Ushaïa.
Les passages douanes du Chili se passent cette fois-ci sans problème malgré (ou peut-être grâce) l'affluence.
Nous choisissons de repasser le Détroit de Magellan où il se trouve le plus étroit malgré la distance plus longue pour rejoindre Puerto Natales.
Nous délaissons au passage la ville de Punta Arenas.
N'ayant pas trouvé d'endroit pour passer la nuit nous nous arrêtons sur le bord de la route et essayons de dormir sur nos sièges. Le froid nous oblige, deux heures après, à repartir pour chauffer l'habitacle, la température extérieure frisant les 2 ou 3°.
Au petit matin nous entrons dans Puerto Natales en espérant y trouver un endroit pour déjeuner. Hélas, il est encore trop tôt. Après avoir tourné dans la ville encore endormie en ce samedi matin nous reprenons notre route.
C'est dans le petit village de Cerro Castillo à plus de 50 kilomètres plus loin que nous trouvons une cafeteria où s'arrêtent tous les voyageurs. Bernadette y prend du café et des petits gâteaux. Pour ma part je prends un gros sandwich et du jus d'orange pour calmer un faim légitime.
Nos estomacs garnis nous reprenons notre route. Le poste frontière chilien est à moins de 100 mètres. Les formalités sont rapides.
Lorsque nous arrivons à la frontière argentine nous nous trouvons derrière un bus. Nous devons attendre notre tour. Aux formalités de douane, le fonctionnaire décide de nous faire attendre (visiblement il veut sa petite commission). De nombreuses personnes passent devant nous. Il nous est demandé de décrire nos itinéraires depuis notre arrivée en Amérique du Sud. Cela fait, le fonctionnaire décide de ne pas nous accorder comme il est de coutume 8 mois pour notre véhicule prétextant que nous les avons déjà dépassés. Après palabres il consent à nous faire le document mais il antidate notre entrée au mois d'août 2008. Cependant il tamponne le document à la date du 28 décembre 2008.
Nous avons mis près de deux heures pour passer la frontière argentine...
Nous arrivons à El Calafate fatigués. Nous choisissons de ne pas camper mais de louer une chambre dans un complexe touristique. Le reste de la journée se passe à faire un bon repas au restaurant. Nous nous couchons tôt.
En ce dernier dimanche 2008 nous allons dans le parc des glaciers ayant pour but de voir le Périto Moréno, un gigantesque glacier. L'entrée du parc est facturée aux étrangers 40 pesos (contre 12 pesos aux argentins). Nous ne regrettons pas notre argent. Les vues sont superbes. Le glacier est à couper le souffle.
Nous quittons El Calafate après une troisième nuit. Nous avions besoin de nous reposer.
La ruta 4o que nous prenons pour monter vers le nord est parfois asphaltée mais, le plus souvent c'est de la piste, de la plus mauvaise. Nous avions prévu de rallier le petit village de Périto Moréno à 500 kilomètres mais après une visite aux cuevas de los manos où l'on peut observer des peintures de mains datant d'environ 20000 ans il se fait trop tard pour rejoindre Périto Moréno. Le vent qui souffle en rafales nous interdit de monter notre couchage de toit. Nous dormons dans la voiture assis sur nos sièges. Bien que nous restons habillés et nous couvrons de nos duvets nous sentons le froid dans la nuit.
C'est de bonne heure que nous arrivons à Périto Moréno. Nous nous installons au camping municipal.
L'année 2009 débute dans la petite ville de Périto Moréno. Les réjouissances du premier de l'An ont été réduites.
La ville de Périto Moréno est une ville de la pampa. Son animation est réduite aux activités des estancias qui l'environnent. Se situant sur un axe nord-sud et est-ouest elle bénéficie aussi du passages de touristes. Si ceux-ci s'arrêtent ce n'est qu'une journée ou deux afin de se reposer des duretés de la ruta 40. C'est la raison de notre halte.
Quittant Périto Moréno nous montons vers le nord. Après un camping sauvage (où nous avons de l'animation dès 5 heures 30 du matin, des jeunes venant boire bières et autres boissons alcoolisées jusqu'à 9 heures 30) nous reprenons la route en direction d'Esquel, charmante petite ville aux maisons de briques rouges et aux accents gallois. Peu visitée par les touristes elle garde encore un air authentique. Nous y restons une nuit après une soirée douce à nous promener dans le centre ville et à y boire une bière.
La route 40 est maintenant asphaltée et nous allons tranquillement sans être brinquebalés. Nous quittons la pampa et sa steppe pour entrer dans une région plus montagneuse et surtout plus verte
Lorsque nous arrivons à El Bolson nous avons tout de suite une bonne impression de cette petite ville. De nombreux campings et "cabanas" offrent à s'arrêter. Nous dépassons la localité pour nous arrêter au camping swissa, (camping suisse). Celui-ci est très bien aménagé et est tenu par des suisses. Les prix sont élevés mais sont en rapport avec la qualité. Nous restons là deux jours.
Nous repartons en direction de San Carlos de Bariloche en suivant une route de montagnes laquelle est bordée de lacs avec de magnifiques paysages. Cela nous change des platitudes de la pampa.
A San Carlos de Bariloche une étape était prévue mais lorsque nous y arrivons nous ne sommes pas séduit par les abords de la ville. Les rues près du centre dans lesquelles nous passons ne nous font pas davantage bonne impression. Nous hésitons à nous rendre dans le centre ville où les parkings ne sont pas sûrs (plusieurs voyageurs que nous avons rencontré nous ont fait part de vols dans leurs véhicules). Nous prenons sans tarder la route en direction de San Martin de Los Andes où nous arrivons en fin de journée.
San Martin de Los Andes est une petite ville très agréable et une station de vacances d'été et de sports d'hiver réputée. Les touristes y sont donc nombreux et il n'est pas rare d'entendre parfois parler français. A une terrasse de café nous discutons avec deux jeunes corses qui sont pour quelques mois en Argentine... Seul désagrément le camping ACA (automobile club argentin) est situé le long d'un boulevard. Il est donc très bruyant. Les emplacements non herbeux voient la poussière voler dès que quelque voiture roule dans le camping. Nous prenons pourtant beaucoup de plaisir dans nos promenades dans les rues très animées et sur le bord du lac.
9 Janvier 2009 - Nous quittons San Martin de Los Andes sous un ciel bleu et sans nuage.
Nous prenons la direction du Chili. Nous franchissons la frontière au "Paso Tromento Mamuil Malal. Ce ne sont pas de gros postes de police et de douane. Les personnels sont aimables et non zélés ce qui fait qu'en quelques minutes les frontières argentine et chilienne sont passées. Ce petit avantage a comme inconvénient qu'au lieu de route asphaltée il nous faut rouler sur plus de 100 kilomètres de piste (parfois pas toujours très bonne).
En milieu d'après-midi nous arrivons à Pucon, ville moyenne du Chili, se trouvant au pied d'un volcan (qui bien qu'il laisse s'envoler des fumerolles n'est pas considéré comme dangereux). Là, un camping dans un coin tranquille, nous permet de nous installer pour quelques jours.
Nous arrivons le 9 janvier 2009 à Pucon jolie petite ville, animée, dominée par un joli volcan au dôme blanc qui laisse de temps à autres échapper des fumerolles.
Pucon est très prisée des touristes tant en été qu'en hiver. De nombreux hôtels, cabanas et campings les accueillent.
Les excursions sont variées, ascension du volcan, promenades en bateau sur le lac, randonnées à cheval en été, andinisme et ski en hiver.
Les trois journées que nous passons à Pucon sont bien remplies, promenades, restaurants, rencontres avec les chiliens.
Mardi 13 janvier nous arrivons à Valdivia ville proche de la cote Pacifique. Les routes empruntées depuis Pucon serpentent dans des vallées verdoyantes où paissent de paisibles bovins. Des lacs aux eaux bleues renvoient les rayons du soleil. Sous le charme nous ne roulons pas vite. Dans l'après-midi nous faisons halte dans un camping au bord du rio Valdivia. Le site est agréable et tranquille. Pour l'instant les chiliens ne semblent pas être aussi bruyants que leurs voisins les argentins.
Les régions que nous traversons entre Valdivia et Conception sont agréables. Nous sommes dans une région de moyenne montagne, très boisée (en majorité du pin). Les forêts sont exploitées de manière rationnelle. Lorsqu'une parcelle est abattue il est procédé rapidement au reboisement. De nombreux camions remplis de grumes sont croisés. Ils apportent leurs chargements aux scieries qui jalonnent les routes du pays.
Les maisons, des villages ou isolées, sont pour l'essentiel construites en bois. Elles sont, dans leur ensemble, assez mal entretenues. Il semble qu'une fois construites elles ne font pas l'objet de soins.
Malgré la difficulté à trouver un endroit discret pour faire du camping sauvage (le plus souvent les bords des routes et pistes principales sont bordées de clôtures), nous réussissons à dormir dans une clairière tranquille se trouvant à quelques dizaines de mètres de l'Océan Pacifique.
Dans les environs de Conception (ville que nous avons traversé sans lui trouver de charme) nous prenons à nouveau une piste en vue de trouver un endroit tranquille comme la nuit passée. Résultat: 50 kilomètres de piste et retour sur Conception, sans succès.
En remontant la cote nous nous arrêtons dans un camping où l'on voit venir l'étranger en majorant le prix de la nuitée.
En cours de route nous voyons des gens vendre des fraises. Nous en achetons une cagette d'un kilo et demi (c'est la plus petite) pour 1000 pesos chilien (1,25€). Tout en roulant nous en mangeons pratiquement la moitié.
Dans le pueblo de Iloca tout près de l'Océan Pacifique nous risquons pour peu de nous faire arnaquer (sanitaires déplorables, pas d'eau chaude pour la douche et prix exorbitant). Nous préférons continuer notre route jusqu'à la sortie de cette petite ville. Là, nous y trouvons un camping associatif, sans prétention, avec des services réduits, il est vrai, mais avec un prix correspondant.
En ce dimanche 18 janvier 2009 il fait très chaud.
Nous roulons doucement en direction du lago Rapel. La région traversée est moins montagneuse que ces derniers jours mais les paysages ondoient. Les collines succèdent au vallées où se traînent des rios paresseux. D'immenses étendues de vignes (certaines propriétés avoisinent les deux cents hectares, voire plus) aux hauts ceps laissent présager de prometteuses récoltes de cet excellent vin que produit le Chili.
Lorsque nous arrivons au lago Rapel nous avons fait moins de 300 kilomètres mais nous sommes heureux de trouver un camping.
Après le logo Rapel nous filons vers Santiago du Chili.
Comme nous ne voulons pas rester aux abords de la ville nous cherchons à une trentaine de kilomètres un coin tranquille dans la montagne, nous réservant la possibilité de prendre un bus ou un taxi collectif pour aller visiter Santiago. C'est entre San José de Maïpo et San Alfonso que nous trouvons un camping correspondant à peu près à ce que nous cherchons.
Cette journée du 20 janvier 2009 est très chaude. Nous prenons un taxi collectif pour rejoindre Santiago. Nous avons la chance que personne d'autre ne monte avec nous avant d'arriver au Métro qu'il nous faut prendre ensuite pour rejoindre le centre de la ville.
Le Métro de Santiago du Chili est moderne. Il n'y a pour l'instant que quatre lignes. Le matériel, construit et livré par Alsthom, est moderne. On peut aller de la première à la dernière voiture grâce à des soufflets. A part un court instant nous avons des places assises.
Nous descendons à la station Moneda, non loin du palais présidentiel.
Santiago du Chili
Certains voyageurs qui sont venus à Santiago du Chili disent qu'il n'y a pas grand chose à voir hormis le centre.
Il est vrai que pour l'avoir traversé en voiture et avoir découvert un certain nombre de quartiers, en métro ou en taxi, nous n'avons pas été totalement conquis. Dans le centre cependant certains édifices, certaines rues, ont du cachet. Nous avons flâné pendant plusieurs heures sans nous ennuyer.
La journée étant très ensoleillée et chaude nous espérions trouver des terrasses pour y déguster de bonnes bières fraîches. Notre surprise a été de constater qu'aucun établissement n'en mettait à disposition. La seule possibilité étant d'aller s'enfermer dans des salles climatisées où, (ce que font beaucoup les chiliens) acheter à des multiples kiosques des boissons rafraîchies dans des bacs remplis de glace.
Sortis du Métro et avant de prendre un taxi collectif pour rejoindre le camping à 35 kilomètres de là nous faisons quelques courses dans un "supermercado" et buvons une bière bien fraîche à une terrasse de café (dans ce quartier populaire).
Comme à l'aller notre voyage nous coûte 3000 pesos, ce qui nous fait au taux de change du jour 3,57 €. Par contre, deux autres passagers montent avec nous...
Le conducteur (nous devrions dire les conducteurs car à l'aller c'était la même chose) va à une vitesse d'enfer, ne respectant pas les signalisations.
Nous quittons Santiago du Chili par la Ruta 5 qui sillonne le pays du nord au sud. Dans cette partie du pays elle est à quatre voies et à péage. Ce dernier même si les postes de péage sont fréquents n'est pas aussi onéreux que nos autoroutes à péage en France, l'équivalent simplement de 2 ou 3 € tous les deux cents kilomètres.
Nous voulons remonter jusqu'à La Séréna, ce qui serait rapide par la Ruta 5 mais nous préférons les petites routes, voire les pistes pour cheminer. A Los Vilos nous prenons la direction de Illapel. La route devient rapidement montagneuse et les sites sont le plus souvent de toute beauté. Les espaces de stationnement miradors permettent de voir très loin à l'horizon. Malheureusement, ces espaces sont le plus souvent encombrés de détritus, lesquels sont désagréables à la vue et sentent mauvais.
A Illapel nous prenons la direction de Combarbala, petite ville en pleine montagne vantée par les dépliants touristiques pour ses charmes. Ceux-ci nous apparaissent communs. Nous pensions trouver là un camping mais rien... La patronne d'une station service YPF nous invite aimablement à nous installer dans un "estacionamiento" lui appartenant. Ce dernier, fermé toute la nuit et gardé nous convient parfaitement, de plus cela nous est offert gratuitement.
Après une nuit calme nous nous dirigeons vers Ovalle, petite ville située au sud de La Serena. Les paysages sont identiques à ceux des jours précédents mais la vigne est plantée à l'assaut des montagnes. Cette culture est la seule qui puisse pousser sur une terre si dure et caillouteuse. Ne trouvant pas à Ovalle d'endroit qui nous plaise pour camper nous cherchons, par une piste à rejoindre la cote. En cours de progression nous trouvons en pleine nature un endroit pour nous arrêter. Quelques véhicules, trois ou quatre passent durant les 6 heures avant la nuit. Nous avons pour compagnie des ânes et des chevaux en liberté. Les oiseaux ne sont pas en reste de venir picorer les miettes de pain que nous laissons tomber volontairement au sol. Des ânes et des chevaux en liberté viennent à proximité de notre campement. Ils sont craintifs.
La nuit a été ponctuée de réveils à cause du silence. Dans la matinée nous comptons rejoindre le bord de mer comme l'indique notre carte. Nous passons le minuscule pueblo de Pichimbo dont l'église porte sur son clocher l'année 1860. Nous avons l'impression que la vie s'est figée au 19ème siècle. Seuls quelques fils électriques et une camionnette nous replace dans le 21ème siècle.
Ayant dépassé le village nous continuons sur deux pistes qui se terminent en cul de sac. Nous devons donc faire le chemin à l'envers soit une trentaine de kilomètres sur de mauvaises pistes. En cours de route nous rencontrons des bergers qui gardent des chèvres. Certains pour mieux voir leurs bêtes sont à cheval et sont aidés de chiens qui ramènent rapidement dans le rang les égarées.
A La Serena nous faisons une halte simplement pour y retirer de l'argent et y faire des courses. Ces dernières seront réduites car nous avons l'intention de franchir la frontière dans un ou deux jours.
Prenant la direction de la Vallée de l'Elqui qui nous mènera au Paso de l'Agua Negra nous pensions trouver un camping (digne de ce nom) mais tous ceux que nous visitons sont soit bondés ou n'ont aucun confort (pas d'eau chaude et des sanitaires indignes). Nous continuons notre route et faisons un camping sauvage placés non loin de la route. Comme il fait déjà nuit il ne passe pratiquement plus personne.
Au matin nous entamons la traversée de la Cordillère des Andes. De pratiquement du niveau de la mer nous allons monter à 4780 mètres. C'est sur plus de 150 kilomètres de la piste.
Durant notre progression nous sommes essoufflés par le manque d'oxygène mais aussi par les paysages superbes que nous avons sous les yeux. Du coté chilien à plus de 3000 mètres nous voyons encore des bergers gardant leurs chèvres. Leurs campements sont très rudimentaires.
Nous avons parcouru plus de 80 kilomètres depuis les postes de police et de douane chiliens lorsque nous arrivons au sommet du "paso" de l'Agua Negra. Altitude 4780 mètres au dessus du niveau de la mer. C'est la solitude totale.
26 janvier - passé le sommet su Paso de l'Agua Négra nous quittons le Chili.
Si nous n'avions pas la crainte d'avoir froid cette nuit nous y ferions halte mais nous préférons descendre dans les vallées argentines à une altitude moins élevée. Nous passerons les postes argentins que demain.