Retour en Argentine
19 septembre 2008
Nous revenons en Argentine par Puerto d'iguazu. Le ciel qui était beau se couvre rapidement et une pluie serrée tombe.
Les formalités de police et de douane entre le Brésil et l'Argentine se sont bien passées mais ont été longues compte tenu de l'affluence à la frontière. Malgré l'heure tardive dans l'après-midi nous allons déjeuner d'empanadas dans un restaurant.
A notre sortie lorsque nous arrivons près de notre véhicule garé près d'un autre restaurant nous sommes aimablement hélé par un jeune homme. C'est un jeune français qui est en vacances au Brésil. Il est en compagnie d'une charmante jeune femme brésilienne. Après quelques mots nous sommes tous les quatre à déguster de la Quilmès (une bière argentine). Nous répondons à la curiosité du couple. Une heure plus tard nous sommes toujours ensemble lorsqu'arrive un couple de suisses (rencontré à Foz do Iguaçu). Il se joint à nous. C'est à la nuit tombée depuis un long moment que nous nous séparons du jeune français et sa compagne (Loïc et Aline). Comme il pleut toujours nous faisons de la place dans le Defender pour emmener jusqu'au camping les jeunes suisses. Nous nous arrêtons là nous aussi pour la nuit. Nous constatons qu'à la réception les personnes ne sont pas plus aimables que lorsque nous nous étions arrêtés là en avril.
Nous ne restons pas à Puerto d'Iguazu. Il y pleut puis nous connaissons la ville. Nous descendons vers le sud. La pluie s'arrête en cours de journée et nous retrouvons un ciel presque bleu comme il y en a au printemps.
La province des Missionnes quittée nous entrons dans celle de Corrientes. La platitude s'aligne à perte d'horizon. Les villes sont très éloignées les unes des autres. Nous avons recours à nos bidons de réserve de gas-oil car les stations services sont à sec. Enfin, par bonheur nous trouvons une station Shell à Corrientes qui nous fait le plein de notre réservoir. Nous pouvons continuer.
Notre problème majeur est de trouver des campings. Lorsque cela ne se peut nous faisons du camping sauvage. C'est souvent mieux car les campings argentins sont si mal aménagés et surtout si mal entretenus qu'un camping sauvage paraît être le luxe.
Après Corrientes nous passons des villes de moindre importance. Goya est sale et encombrée de carcasses de vieilles voitures, camions et autres objets. Nous passons... Esquina n'est pas beaucoup mieux. Nous passons... La petite ville ville de La Paz (ne pas confondre avec la capitale de la Bolivie) tant vantée par les dépliants publicitaires est aussi passée... Une halte dans le village de Villa Urquiza ne nous laissera pas de souvenirs intarissables...
Notre impression lors de la traversée de l' Entre deux Rios est celle d'un laissez-aller des populations, tant en ce qui concerne leur environnement que le travail à effectuer pour vivre dans un cadre agréable et propre.
Dommage la descente, dans de bonnes conditions, le long du Rio Parana serait un véritable agrément.
Nous ne nous arrêtons pas à Parana ni à Santa Fé. Nous prenons la route vers Cordoba en passant par San Francisco
Rififi à San Francisco (en Argentine pas en Californie).
Où Daniel va en prison et en ressort sans caution
26 septembre 2008
Alors que nous roulons paisiblement en suivant un camion dans la ville de San Francisco, entre Santa Fé et Cordoba, nous sommes surpris par un feu tricolore passant subitement à l'orange. Comme nous sommes déjà engagés dans le croisement (1) nous continuons notre chemin.
Quelques dizaines de mètres plus loin Bernadette attire mon attention sur un motocycliste qui nous fait des signes. Nous pensons tout d'abord à un salut et nous y répondons (ceci arrive assez souvent) puis regardant mieux nous constatons que c'est un policier. Stoppant après avoir trouvé un emplacement le policier nous dit que nous avons brûlé le feu rouge. Nous lui expliquons que notre vue ayant été bouchée par le camion nous n'avons aperçu le feu qu'au dernier moment mais que nous étions passés à l'orange. Le policier parle de nous infliger une multa (amende) mais que si nous voulons parlementer (nous arranger en lui laissant un billet) que cela s'arrangerait (2). Je dis mon désaccord et enclanche la première...
Sans doute fâché de n'avoir pu se faire un peu de monnaie, sur le dos de l'étranger, le policier nous suit à moto en téléphonant. Il ameute les voitures de police en patrouille et nous sommes bientôt suivis par deux voitures (gyrophares allumés) qui nous klaxonnent. Nous entrons dans un parking de supermercado (supermarché).
Rejoints par les policiers, ceux-ci nous disent beaucoup de choses que nous ne comprenons pas. Bien sûr, comme je suis le conducteur, je confirme que je n'ai pas commis d'infraction. Le policier ripoux (c'est un policier municipal) insiste auprès de ses collègues. Le ton monte un peu. Je fais semblant de vouloir aller dans le supermercado. Bien sûr, on m'en empêche. Rapidement les choses dégénèrent. On veut me faire monter de force dans une voiture de police. Je refuse, répétant n'avoir rien à me reprocher. La barrière de la langue et le zèle de deux policiers, notamment, font que l'on se jette littérallement sur moi. L'on me menotte les mains dans le dos en me tordant le bras droit et je suis jeté (en force il est vrai) dans le véhicule. Tout cela se passe devant les yeux de Bernadette et de clients du magasin outrés de la procédure (l'un d'entre eux appelant les policiers à plus de modération est menacé d'être lui aussi emmené (connaissant sans doute les méthodes employées il se tait).
Sur le boulevard et les rues menant au commissariat la voiture de police, toutes sirènes hurlantes et gyrophares allumés, slalomme entre les autres véhicules. Là, les feux sont tous brûlés... A l''arrivée au commissariat, la brute qui m'a tordu le bras, semble fier de son exploit. On me confie à un autre policier (plus gradé) pour interrogatoire. Après avoir décliné nom, prénom et autres qualités, on me prend mes empreintes, comme à un vulgaire criminel. Comme la conversation est difficile (à cause de la barrière des langues) j'explique en faisant des dessins et croquis, les circonstances de la dite infraction. Après cet interrogatoire, on m'invite à patienter dans les locaux d'arrêts. On ne me met pas en cellule mais dans le couloir y attenant. Dans la petite cour qui la jouxte se trouvent deux jeunes (j'apprendrai quelques minutes plus tard qu'ils se sont fait arrêter alors qu'ils volaient dans une maison). Le policier les enferme dans une cellule en laissant toutefois la lucarne ouverte. Les locaux sont crasseux. Ils sentent l'urine à plein nez. Les jeunes incarcérés (un argentin de Cordoba et un chilien de Santiago) ont sur le sol des matelas immondes. Je n'ai rien pour m'asseoir. Je reste debout sans toucher aux murs.
Pendant près de trois quarts d'heure je patiente. Les jeunes discutent avec moi. Ils me proposent même un joint (gratuit). Comme les policiers leur ont laissé leurs cigarettes ils camouflent leur drogue dans le paquet (cachée sous trois ou quatre cigarettes).
Le policier étant revenu me chercher l'on me mène dans un autre bureau. S'y trouvent plusieurs personnes dont une femme parlant en français (nous l'appellerons Georgina). Elle a été appelée pour servir d'interprête. Je répète ma petite histoire qu'elle traduit à une jeune femme. On me dit que c'est la substitut du Fiscal (procureur) lequel est absent jusqu'à lundi. Au bout d'un certain temps il m'est dit que je risque d'attendre lundi pour m'expliquer devant le Fiscal. Puis, assez rapidement, la substitut abandonne le feu rouge grillé pour retenir à mon encontre coups et blessures sur un policier lors de mon arrestation. Je ne peux m'empêcher de sourire devant une telle accusation. Je comprends toutefois que comme je me suis plaint d'avoir été blessé à l'épaule droite et avoir l'intention de déposer plainte contre le policier auteur de cette blessure, la substitut protège ce dernier par sa procédure. Si je suis d'accord avec la version proposée je suis libre sur l'heure. Un procès-verbal est rapidement tapé. Je le signe qu'après avoir eu la garantie de ne pas être davantage poursuivi. Georgina qui a traduit ma demande reçoit en réponse que le seul inconvénient qui pourrait apparaître serait au cas où je désirerai m'installer définitivement en Argentine (il ne serait pas sûr que le certificat de bonne conduite me soit délivré).
Pendant tout le temps que je suis au commissariat je m'inquiète de savoir si Bernadette n'a pas été importunée par les policiers après mon départ. Il m'est répondu par l'intermédiaire de Georgina que l'on est allée la chercher. Je m'y oppose formellement disant qu'elle ne peut conduire le Defender car elle ne figure pas sur l'assurance. Par ailleurs, il est souhaitable qu'elle reste sur place.
Assez éloigné du supermercado et craignant de me perdre Georgina me propose de me raccompagner. Chemin faisant je constate que plusieurs voitures grillent des feux rouges. Dans la voiture je suis le seul à avoir attaché ma ceinture de sécurité, Georgina et sa belle-fille que l'accompagne ne la mette pas.
Sagement (et malgré tout assez confiante) Bernadette m'attend. Elle raconte qu'elle est montée dans le Defender dès mon départ puis, elle a répondu négativement aux demandes des policiers qui à l'évidence voulaient la faire venir aussi au commissisariat.
A la proposition de Georgina de nous héberger Bernadette décline l'invitation voulant dit-elle quitter San Francisco rapidement. Après avoir bu un rafraîchissement avec les deux femmes nous quittons la ville. Nous trouvons une station-service peu éloignée où nous nous arrêtons pour la nuit. Nous nous endormons un peu amers.
Au matin, après une nuit assez difficile, nerveusement et physiquement (de violentes douleurs à l'épaule m'ont souvent réveillé) nous regrettons de ne pas avoir accepté l'invitation de Georgina qui a été très sympathique. Plus, nous avons totalement oublié après toute cette histoire de lui demander son adresse. Si elle lit ce passage qu'elle prenne contact avec nous (nous lui avons laissé l'intitulé de notre site). Merci encore Georgina.
(1)En Argentine les feux ne sont pas à chaque angle de rue mais seulement d'un coté du carrefour.
(2)Il n'est pas rare, en effet, que sous prétexte d'infraction, des policiers demandent à arranger les choses moyennant une petite contribution.
NOTA : Lors de la rédaction de ce fait divers (plusieurs jours après) et éloigné de San Francisco, je suis pris de regret de n'avoir pas porté plainte contre les policiers pour violences et blessures ainsi que pour tentative de raket.
Après l'épisode de San Francisco nous continuons notre route vers Cordoba. Nous faisons avant d'y arriver un camping-sauvage, à l'écart de la route le long d'un rio (à sec).
A Cordoba nous trouvons un camping dans le parc du Général San Martin. Si ce n'était la fatigue nous chercherions autre chose car les équipements sont minables et le prix élevé. Nous sortons en ville dans l'après-midi et mangeons mal au restaurant (seul le vin est bon).
Nous avions initialement prévu d'aller vers le Chili mais après réflexion nous allons prendre la route vers la péninsule de Valdez pour descendre ensuite vers Ushuaïa. Nous remonterons plus tard en direction du sud du Chili.
Nous quittons Cordoba après une journée. Rien de particulier ne nous y retient.
C'est un peu plus de 200 kilomètres plus loin à San Rafaël que nous nous arrêtons. La Vallée Grande avec des campings aux installations et au prix corrects nous accueille.
Rencontre de suisses
Pendant notre arrêt à San Rafaël nous faisons la connaissance d'un couple suisse Carole et Franck. Nous nous revoyons deux fois et passons d'agréables moments ensemble avant qu'ils ne partent vers le nord et nous vers le sud est.
Enfin un cycliste
Ce 8 octobre un cycliste vient monter sa tente près de nous. Après son installation nous faisons un brin de causette. Roger est catalan (nous ne disons pas espagnol). Il est en Argentine pour deux mois et compte descendre jusqu'à Ushuaïa, (il est parti de Salta). Cela nous fait un peu quelque chose de parler vélo, beaucoup de plaisir et un peu de regrets.
Direction la péninsule de Valdez.
Nous quittons la Valle Grande de San Rafael presque à regret mais plus de trois semaines passées ici sont toutefois suffisantes. il nous faut aller voir ailleurs.
Nous passons la localité de San Isabel minuscule bourgade de la pampa. Les stations services sont à court de gas oil. Nous continuons en espérant trouver car l'aiguille du réservoir a dépassé la moitié. Bien sûr nous avons encore une réserve de 20 litres mais si les stations suivantes ont aussi leurs cuves vides nous risquons la panne sèche.
A Catriel la pompe salvatrice nous permet de faire le plein. Les villes de Cipoletti et de Choele Choel passées nous cherchons un endroit pour y passer la nuit. Une station service nous accueille. Pour la seconde nuit nous trouvons refuge à Sierra Grande bien après San Antonio Oeste sur un terrain vague non loin d'une station service dont le parking est encombré de camions. Alors que nous nous installons un argentin passant à vélo nous propose un endroit sécurisé, nous le suivons mais nous nous apercevons qu'il ne s'agit pas d'un camping et que de plus il est encore plus minable que l'endroit que nous avons choisi. Nous faisons demi-tour.
Durant notre cheminement dans la pampa les paysages changent. Le plus souvent c'est une sorte de steppe aux arbustes courts et malingres. Entre San Isabel et Catriel les pompes des puits de pétrole agitent leurs bras avec lenteur. Du coté de Cipoletti des étendues d'arbres fruitiers et des endroits cultivés. Puis ce sont des salines de quelques hectares à plusieurs kilomètres carrés.
Devant nous la route s'étire sur des kilomètres avant qu'un timide virage vienne rompre la monotonie. Le plus souvent la route se confond avec l'horizon.
Le 26 octobre nous arrivons à Puerto Madryn. Lorsque nous faisons des courses avant de chercher un camping nous rencontrons un couple de français, Marie Jo et Jean-Marie, sexagénaires comme nous, qui voyagent en camping car. Connaissance faite nous allons déjeuner ensemble dans un restaurant. Ils nous emmènent ensuite dans le camping où ils font halte (c'est le seul ouvert en ce moment). Nous y sommes protégés du vent les emplacements étant bordés d'arbres. Pendant deux jours et demi nous allons essayer de voir des baleines dans le golfe mais nous en sommes quitte pour de l'attente.
Ce 28 octobre nous prenons la direction de la Péninsule de Valdez, distante de 120 kilomètres. Passée l'entrée du parc où nous laissons 90 pesos (20 €) nous arrivons à **Puerto Piramides** minuscule bourgade mais qui est très active. De nombreux bateaux y font des balades en mer pour aller photographier les cétacés. Nous constatons que la sécurité pour ce genre de sorties est nettement insuffisante même si les touristes sont équipés de gilets de sauvetage. Nous ne pensons pas y prendre place, quitte à ne pas faire de photos de baleines.
Cette journée du 29 octobre est très ensoleillée mais venteuse (comme partout en Patagonie). Nous faisons le tour de la Péninsule de Valdez en vue d'observer les animaux marins. Nous apercevons de loin des baleines mais faute d'un objectif suffisamment puissant nous ne faisons pas de bons clichés.Nous constatons que les endroits où se trouvent d'importantes colonies d'éléphants de mer et phoques sont balisés. Les touristes ne peuvent pas approcher les animaux. Nous faisons là, comme tout le monde quelques photos mais elles ne nous n'en sommes pas satisfaits. Plus loin, alors que nous sommes seuls nous avisons un bord de mer et trouvons des éléphants de mer prenant le soleil sur le sable.
Quittant Puerto Madryn nous descendons vers Trelew et Rawson. Cette dernière ville est la capitale de la province mais elle se réduit à une grosse bourgade.
Si le temps est au beau nous avons un vent fort de face. La consommation s'en ressent. Au lieu de 10 litres aux cent kilomètres nous approchons les 14.
Pour nous abriter des rafales qui doivent dépasser les 100 kms/h nous nous informons au bureau du tourisme de Trelew qui nous envoie vers le le camping Patagonia (à éviter 45 pesos pour des services à minima). La tente de toit bouge parfois dangereusement mais rien ne casse.
Dès le lendemain (1er novembre), nous reprenons la route en direction de Comodoro Radivada. Nous nous installons dans un camping proche de 10 kilomètres à Rada Tilly, au camping municipal . Là, les installations sont entretenues. Seul inconvénient, le vent, qui souffle pratiquement tous les jours en soulevant de la poussière. Les natifs ne semblent pas incommodés mais nous cela nous gêne. Avantage, les emplacements sont protégés par des arbres. Par sécurité, pour que le couchage de toit ne subisse pas de dommages, nous le sanglons.
Le troisième jour nous voyons arriver un jeune couple de français avec deux enfants. Ce n'est que le lendemain que nous faisons la connaissance de Cathy, Gilles et de leurs deux enfants Matisse 8 ans et Anne Sarah 2 ans et demi. Nous sympathisons rapidement.