Ceyhan - problèmes de prostate.
Bien qu'il fasse très beau la température est basse, tout juste 5°. La route vers Ceyhan est assez facile et les 50 kilomètres sont parcourus assez rapidement. Bien avant d'arriver des panneaux annoncent un hôtel portant le nom de la ville. La nationale quittée nous faisons encore trois kilomètres avant d'y arriver. Le confort relatif laissé à Adana donne ici l'effet d'un palace. Les toilettes et les douches sont sur les palier (certaines équipées de cabinet de toilette sont occupées). Il n'y a pas de chauffage mais les matelas sont chauffants. Cette suite de luxe est facturée 15 000 000 de livres (8,10 €). Informations recueillies ce serait le meilleur hôtel de la ville. Ceyhan est une ville typique turque. Nous n'avons pas l'intention d'y faire du tourisme. N'ayant pas déjeuné nous cherchons un restaurant qui pourrait nous préparer la viande d'agneau autrement qu'en kebab. Nous en trouvons un ou pour 4 000 000 de livres par personne (prix inscrit sur un papier) on nous la fera griller comme au barbecue. Nous sommes à la moitié du repas que nous apprécions lorsqu'un homme, parlant français, vient nous dire bonjour. Il propose de nous aider si nous avons besoin de quelque chose. Ayant à faire il dit revenir un peu plus tard. Ayant terminé le repas nous demandons la hésap (addition). On nous compte 25 000 000 de livres. Gloup. Nous déclarons de pas payer cette somme, tout en rappelant les prix convenus . La bière Efès plus un éventuel service sont loin de faire monter la hésap à ce point. Ne parlant pas turc, le personnel ne parlant pas français, un dialogue de sourds commence, gestes à l'appui. C'est à ce moment que revient le turc parlant français (nous supposons qu'il a été appelé). De sa voix de stentor il demande ce qui ne va pas. Facture et papier à l'appui nous lui expliquons. Apparemment ami du patron du restaurant mais comprenant qu'on nous vole il joue l'intermédiaire en reprenant notre menu point par point. Au bout de dix minutes de palabres la somme est arrêtée à 16 500 000 livres. Nous savons que c'est un peu plus que prévu mais comme nous avons correctement mangé nous acceptons. Quelques minutes après nous disons au revoir au turc parlant français. Il nous invite à passer chez lui à son village lorsque nous partirons demain. Il griffonne ses coordonnées sur un morceau de papier que je glisse dans ma poche. A l'hôtel, la chambre est toujours aussi glaciale. Nous allumons les matelas chauffants. Il est 19 heures 30.
Grosse frayeur mais Nuri est là.
3 heures 30, je me rends aux toilettes sur le palier. Il fait très froid. J'ai la vessie pleine mais il ne sort que quelques gouttes d'urine. Le reste de la nuit se passe en aller et retour chambre-toilettes-chambree. Je n'arrive plus à uriner, même pas une goutte.
8 heures. Le ventre gonflé et douloureux je cherche un docteur. Dans un cabinet proche de l'hôtel on me dit qu'il ne sera là que vers 13 heures. De retour à la chambre je continue mes aller et retour aux toilettes sans succès. Bernadette, prenant les choses en main, cherche dans mes poches le papier qui m'a été remis hier au soir par le turc. S'y trouve mentionné un numéro de téléphone. Elle demande à la réception de l'hôtel d'appeler et elle explique ce qui m'arrive. L'homme dit venir tout de suite. Un quart d'heure plus tard il nous emmène en voiture jusqu'à l'hôpital local. A l'accueil une longue file de gens. Notre accompagnateur s'informe, l'urologue a des rendez-vous jusqu'en début d'après-midi. Une infirmière propose d'aller chez un praticien en ville, non loin de l'hôpital. Chez ce dernier, passant devant tout le monde, on me fait une échographie. Le visage de l'urologue se ferme. Il dit à Nuri (dont nous connaissons maintenant le nom) que j'ai une très grosse prostate. Pour me soulager il va me sonder mais il va falloir retourner à l'hôpital. Une demi-heure plus tard je suis soulagé. Je regarde alors vraiment autour de moi, ce que je n'avais pas fait auparavant, trop préoccupé par mon problème. La salle ou je me trouve (les urgences) est sale, les draps tachés. Nous restons le minimum de temps encore sur place. L'urologue nous demande pour l'examen et la pose de la sonde 50 000 000 de livres (27,00 €). Nous ne devons rien à l'hôpital.
10 heures 30. Nous décidons de rentrer en France pour effectuer des examens sérieux. Nuri réserve nos billets. Le départ ne se fera pas d'Adana, pourtant plus proche, mais de Gazantiep, située à 120 kilomètres. A midi nous déjeunons dans un restaurant. Au moment de régler Nuri nous dit que c'est fait. Il nous propose d'entreposer le tandem et la remorque chez lui à la sortie de Ceyhan, dans un quartier résidentiel. Après cela nous partons avec lui jusqu'à ses propriétés situées à Dorük à 18 kilomètres de Ceyhan. La maison est située au-dessus des entrepôts qui sont actuellement vides, les récoltes de blé et de maïs étant vendues. Une partie de la maison est occupée par l'homme de confiance de Nuri.
Nous passons la soirée à discuter installés sur la terrasse puis dans la maison lorsque la fraîcheur se fait trop sentir. Pendant tout ce temps, de nombreuses personnes viennent à tour de rôle nous voir. Nuri nous présente déjà comme ses amis. Il est, à l'évidence, un notable du village. Dans la conversation nous apprendrons qu'il a une double appartenance, l'une turque par son père, l'autre allemande par sa mère. De cette dernière il a la stature (il fait près de 2 mètres et a de larges épaules) et les yeux bleus. Sa connaissance du français est due à plusieurs années en France et en Belgique ou habite son frère aîné. Après avoir dîné de poulet à la broche, salade variée, repas préparé par son homme de confiance nous reprenons la route pour Ceyhan. L'homme de confiance nous accompagne, c'est lui qui doit nous conduire demain à Gazantiep. Les deux hommes ont beaucoup bu de raki. Nous sommes rassurés lorsque la voiture s'arrête à Ceyhan devant la maison de Nuri. Au salon, nous faisons la connaissance de son épouse qui reçoit deux amies. A 23 heures nous allons nous coucher.