Espagne suite 1
Le delta de l'Ebre
Les dernières maisons d'Ampolla passées nous prenons en direction du delta. Des rizières s'étendent jusqu'à la mer et loin vers le sud. Tous les terrains sont inondés pendant plusieurs kilomètres. De temps à autre un abri, plutôt qu'une petite maison, peint en blanc, permet aux ouvriers agricoles de prendre leurs repas et de dormir pendant les plantations et les récoltes du riz. De nombreux oiseaux, surtout des échassiers dont des hérons, cherchent leur nourriture. La petite route plate est exempte de circulation. Le silence est agréable et reposant.
Au village de Deltebre nous prenons un bac pour traverser le cours principal de l'Ebre. Il nous en coûte 2 €. Après avoir accosté à San Jaume d'Enjeva nous prenons toujours en terrain plat la direction de San Carles de Rapita où nous déjeunons.
A la sortie du restaurant la roue avant du tandem est à plat. Je change la chambre. Un minuscule fil de métal se trouve à l'origine de la crevaison. Six kilomètres plus loin nous avons un camping. Il est mal tenu et il n'y a pas d'eau chaude pour la douche.
Le bruit de la mer ne nous a pas empêchés de dormir malgré un ressac important.
Vers 13 heures nous déjeunons non loin d'une usine. les ouvriers qui reprennent leur travail après la pause sont surpris de nous voir bien installés à notre table et assis sur nos pliants.
Après un camping sauvage et une journée sans histoire nous arrivons à Bénicassim. Une place nous est imposé au camping alors qu'une grande majorité des emplacements sont libres. Je choisis quand même celui qui nous convient.
Pendant les quatre jours que nous restons à Bénicassim nous nous réglons sur les espagnols. L'ambiance des fins d'après-midi et les soirées sont festives. Les gens se rencontrent sur les trottoirs, discutent, entrent dans les bars à tapas. Les restaurants sont souvent bondés et trouver deux places relève parfois de l'exploit.
Quittant Bénicassim nous roulons sur des petites routes avant et après Castello de la Plana, la nationale 340 étant très chargée. Nous regrettons un peu ce choix car la chaussée est souvent déformée et que nous n'avons personne pour nous renseigner aux intersections. Le seul avantage est de nous trouver parmi les orangeraies. De temps à autre nous profitons d'arbres qui dépassent des clôtures pour chaparder quelques fruits.
Moncoffa le camping est ouvert. L'accueil y est aimable et nous trouvons des places à l'abri du vent. Les sanitaires sont impeccables et chauffés.
Avant d'arriver à Valencia la route se transforme en voie express avec panneaux interdisant l'accès aux vélos. Nous traversons des villages aux indications floues. Après avoir traversé Valencia nous ne trouvons pas la route qui mène au camping qui théoriquement se trouve en sortie d'agglomération. Comme il fait nuit nous allons à l'hôtel. Cela nous coûte 60 €, petit déjeuner compris. Par chance le lit est bon et nous avons ARTE.
Curieusement nous avons mal dormi à cause du trop bon lit et du silence absolu. Avant de partir nous faisons copieusement honneur au buffet du petit déjeuner.
Suivant les indications qui nous sont données nous arrivons un moment au pied d'une passerelle qui permet de franchir une voie ferrée. Heureusement elle n'est pas pourvue de marche mais d'une rampe (la pente accentuée nous donne bien du mal) qui nous évite de faire un détour de trois ou quatre kilomètres. A partir de là nous sommes sur une route qui longe la mer. Nous passons près du camping que nous cherchions hier au soir.
La nature au départ de Valencia n'est pas très jolie (plaine inondées, étangs d'eau salée). Le paysage redevient plus agréable lorsque nous retrouvons les orangeraies. Nous trouvons dommage du peu de cas que font les gens de leur environnement. Des déchets de toutes sortes traînent au sol et dans les fossés, (bouteilles et sacs mais aussi carcasses d'appareils ménagers, vieux meubles...). Nous nous croyons revenus aux plus mauvais jours de l'Italie du sud.
Nous arrivons à Gandia de nuit mais nous trouvons sans difficulté le camping situé près de la plage. L'emplacement nous est facturé 20 €. Nous ne pouvons même pas discuter le prix faute de concurrence.
En ce dimanche à Gandia pratiquement tous les commerces sont fermés. Le seul restaurant ouvert est... un chinois. Le lundi nous n'avons pas envie de repartir. Nous paressons ainsi toute la semaine. Autour de nous les campeurs (en camping-car ou caravanes) sont installés pour plusieurs semaines voire pour plusieurs mois. Ce sont essentiellement des hollandais, allemands et suisses. Avec notre toile de tente nous faisons un peu tâche surtout que les nuits deviennent de plus en plus fraîches. Pour éviter d'avoir froid nous achetons un petit radiateur électrique soufflant. Du coup nous sommes obligés de dormir hors de nos duvets.
Le 16 novembre nous reprenons enfin la route. La dame suisse installée près de nous semble peinée de nous voir partir. Il est vrai qu'Elisabeth est d'une grande gentillesse.
A Teulada le camping n'est pas chauffé. Les sanitaires sont plein de courants d'air. Nous négligeons de prendre la douche lorsque nous arrivons à la nuit tombée.
Lorsque nous arrivons à Bénidorm nous pensons aller à l'hôtel mais aucun n'a de place pour garer en sécurité notre matériel. Nous cherchons donc un camping. C'est au second et à la nuit tombée que nous nous installons.
Bénidorm
Ville de vacances Bénidorm est peuplée en cette saison de personnes du troisième âge. Avec ses immeubles en hauteur elle n'a pas beaucoup de charme. Seule la plage trouve grâce à nos yeux. Après cinq jours nous pensons y avoir suffisamment séjourné.
Dimanche 21 novembre - En ce dimanche tout s'annonce bien. Après une grasse matinée nous prévoyons d'aller au restaurant pour déjeuner. Bernadette qui a mis un pantalon à tremper au lavoir y retourne pour le laver...
PATATRA!!! BOUM!!! CRAC!!! AIE!!!.
Assis , tranquille à lire le journal je me retourne et aperçois Bernadette qui est au sol et gémit. La relevant je l'entends se plaindre de son bras gauche qu'elle dit s'être cassé. Elle a aussi quelques égratignures aux genoux. Prise de vertiges elle semble perdre connaissance. Des campeurs qui se trouvent près de nous viennent pour aider. Certains apportent (croyant que ce ne sont que des contusions des glaçons). Un couple de français, habitant le Var, nous emmène dans un hôpital (privé) proche. Il y est diagnostiqué une fracture au-dessus du poignet. La fracture doit être réduite et plâtrée pour immobiliser. Bernadette préfère être seule pour l'opération. Un quart d'heure plus tard c'est terminé. Nous allons tout de même déjeuner au restaurant avec Régine et Pierre. Bernadette fait bonne figure malgré le mal. Vers 16 heures nous rentrons au camping ou le couple nous convie à sa caravane. Nous continuons à discuter quelques instants.
Notre départ de Bénidorm est compromis. Nous y restons plus de six semaines à cause des visites nécessaires pour vérification et consolidation. Par ailleurs Bernadette ne se sent pas capable de tenir le guidon et de forcer dans les cotes.
Pour occuper notre temps nous faisons des balades en voiture dans les environs avec Régine et Pierre qui ont la gentillesse de nous emmener avec eux. Nous aimons particulièrement la petit ville d'Altéa toute proche avec ses rues étroites en pente. Nous la préférons de loin à Bénidorm. Pour que nous puissions suivre les informations et avoir un peu de musique Régine et Pierre nous prêtent un poste de radio.
Ce vendredi 10 décembre nous fêtons notre 38ème anniversaire de mariage en allant au restaurant. Nous nous remémorons celui de l'an dernier passé à Goa en Inde et le dîner offert par Jai Rao.
Ce même jour Régine et Pierre nous quittent pour aller passer cinq semaines en Guyane. Nous ne les reverrons pas avant notre départ. Nous leur disons un grand merci pour leur gentillesse.
23 décembre nous tentons une sortie à tandem pour aller jusqu'au magasin Carrefour de l'autre coté de Bénidorm. Nous y faisons nos achats pour Noël. En cadeau nous nous achetons un appareil photos numérique.
De retour au camping nous installons sur la tente une guirlande électrique clignotante. Il est inutile de dire que nous faisons fureur. Nous sommes d'ailleurs les seuls dans le coin à en avoir déployée une.
Curieuse soirée que ce 24 décembre. Nous pensions que les gens se regrouperaient (par affinités) pour prendre un verre et fêter Noël. Non rien de cela. Tout le monde s'enferme et se calfeutre chez soi avec semble-t-il la crainte que quelqu'un ne vienne y voir ce qu'ils ont à mettre dans leurs assiettes. Nous, nous préparons à la vue de tous notre table. Ce n'est que plus tard, lorsque tout le monde est caché que nous entrons dans l'avancée de la tente pour y dîner aux chandelles et boire du champagne dans des flûtes (d'arcopal à défaut de cristal) spécialement achetées pour l'occasion.
26 décembre. Le vent est fort et glacial. Nous nous levons tard. Grâce au petit chauffage électrique nous n'avons pas froid. Je vais seulement au lavoir nettoyer un peu de linge. Heureusement l'eau est chaude. Nous déjeunons en ville.
27 décembre. C'est notre dernier jour à Bénidorm. Plusieurs semaines sur place nécessitent une nouvelle répartition des affaires sur le tandem et dans la remorque. Comme d'habitude au moment de fermer cette dernière nous faisons l'étonnement des voisins (qui pensaient réellement que nous n'arriverions pas à fermer).
28 décembre. La température est de seulement 4°. Lors du règlement de notre note de camping nous avons la surprise de payer beaucoup moins cher que nous le pensions. On nous a fait le même prix qu'aux résidents de longue durée (parce que nous sommes restés plus d'un mois).
Le manque d'entraînement se fait sentir. Par ailleurs le bras gauche de Bernadette toujours plâtré la gêne quelle que soit la position adoptée et elle a mal au dos.
En cours de route une française de Haute Savoie nous arrête pour nous dire son admiration. Son mari nous apporte des mandarines pour la route dit-il. Après une dizaine de minutes nous repartons. Il était temps car le froid nous saisissait.
Nous négligeons le camping de El Campello. Mal nous en prend. Nous devons aller jusqu'à Alicante ou heureusement dans les faubourgs nous trouvons un hôtel une étoile (42 € petit déjeuner compris). L'hôtel n'ayant pas de restaurant je vais faire des courses et nous dînons bien au chaud dans la chambre.
Nous atteignons Santa Paula vers 15 heures. Après nous être installé au camping situé à un kilomètre du centre ville nous allons faire un tour. Les illuminations nous réchauffent le coeur à défaut du corps. Nous traînons comme les espagnols dans les rues. Nous dînons de nos courses bien au chaud dans la toile de tente. Le changement de température nous rosit les joues.
Torrevieja. Nous avons hâte de quitter le camping aux installations délabrées. Heureusement il y a quand même de l'eau chaude aux douches. Par ailleurs l'accueil est aussi désagréable que si nous étions en prison.
31 décembre - En ce jour de la Saint Sylvestre nous ne voulons pas nous arrêter trop tard. Nous trouvons heureusement à Los Alcazares, une bourgade assez importante, un camping bien aménagé. Ce soir nous ne réveillonnons pas mais après un potage bien chaud nous savourons deux belles tranches de jambon.