Espagne 2004 à tandem 732 kms - transport en véhicule 350 kms. Spain 2004 in tandem 732 km - transit vehicle 350 km
C'est aussi dur que c'est beau
L'arrivée à Port Bou première localité espagnole se fait sur les rotules.
Les paysages qui défilent sont superbes mais nous payons cher nos coups d'oeil par de grosses suées, les montées étant longues et rudes.
Dans les descentes nous devons être prudents, le poids de la remorque nous poussant et les nombreux virages nous empêchant de prendre de la vitesse. Nous trouvons un hôtel de bonne tenue (seul inconvénient les toilettes sont sur le palier).
Le départ de Port Bou est terrible. Dès la sortie de l'hôtel la route monte. Nos muscles encore endoloris des efforts d'hier sont mis à rude épreuve. Nous peinons plus d'une heure et demie pour arriver au sommet d'un col à 202 mètres. Seule récompense, des paysages de cartes postales. Moins drôle nous redescendons au niveau de la mer.
Un petit air du pays
Alors que nous amorçons les derniers virages d'une descente une voiture immatriculée en Loire Atlantique nous dépasse. Le conducteur ajuste son rétroviseur et nous fait un signe de la main. Quelques centaines de mètres plus loin nous voyons le véhicule arrêté sur un terre plein. Nous stoppons aussi. Nous reconnaissons le couple. Il s'agit de M. et Mme Delaunay qui tiennent une boucherie à La Haye Fouassière, notre commune. Ils sont heureux de nous rencontrer et ils le diront en rentrant au pays.
A midi nous déjeunons d'une paëlla dans un petit restaurant à El Port de Llanca. C'est copieux et malgré notre appétit nous ne terminons pas.
small air of the country
Retrouvailles
Notre halte du soir est prévue à l' Escala. Le dernier col franchi nous voyons La Baie de Rosa. Nous descendons là encore en faisant attention malgré notre envie de rejoindre le sol plat.
Malgré nos vigoureux coups de pédales nous mettons plus de temps que nous le pensions pour arriver au bout de la baie de Rosa. Ce soir nous sommes attendus chez Colette et Jean Hennuy (français rencontrés au camping de Sofia en Bulgarie) qui possèdent une maison à l'Escala. Par téléphone nous avertissons nos hôtes de notre progression.
Il nous reste environ une vingtaine de kilomètres avant d'arriver lorsque Bernadette (qui a l'oeil partout) me signale qu'une voiture nous suit depuis plusieurs centaines de mètres avec ses warning allumés. Nous reconnaissons Colette et Jean. Après les salutations nous reprenons la route. Moins d'une demi-heure plus tard la nuit est tombée. A l'arrière nous sommes protégés par le véhicule. Est-ce l'odeur de l'écurie ou un léger vent arrière mais nous filons bon train comme si nous commencions la journée.
Colette et Jean nous ont réservé une chambre à l'étage de leur villa. Se trouve chez eux Henriette la maman de Colette. C'est une alerte octogénaire pleine d'humour. La soirée se prolonge agréablement jusqu'à minuit.
La journée suivant Colette nous montre les environs et les curiosités à visiter.
Après ce sympathique accueil nous prenons congé de Colette et de Jean sans oublier Henriette. Nous nous installons pour quelques jours dans un camping à la Pointe de l'Escala.
Lorsque nous quittons l'Escala nous roulons sur une plaine côtière. Sans le vent de face tout irait bien. A Palamas le camping est fermé, plus loin d'autres le sont aussi. La saison estivale est terminée. A Platja d'Aro nous avons enfin un camping ouvert. C'est un 3 étoiles. Le sol est sans herbe mais propre et après avoir enlevé les petits cailloux nous sommes bien.
Le lendemain après une nuit reposante nous nous préparons doucement. Pendant que je termine de ranger les dernières affaires dans la remorque Bernadette va régler le camping. Il est déjà 11 heures.
Les dix premiers kilomètres sont encore faciles. A Sant Féliu de Guixols nous nous trompons de route et faisons un grand détour. Pour notre malheur la route est en travaux et il nous faut souvent marcher et pousser. C'est la rage au coeur qu'une heure plus tard nous repassons sur le quai d'où nous sommes partis. La bonne route démarre en montée sur plus de trois kilomètres. Elle redescend au niveau de la mer puis nous ramène en corniche. C'est fatigués et les genoux douloureux que nous arrivons à Tossa de Mar. Hélas les campings sont fermés depuis le 30 septembre. On nous en indique un à trois kilomètres dans les terres. Sur place le gérant, sans amabilité, nous dit que son camping est fermé aux touristes, seuls les vacanciers résidents sont admis. Je lui demande pourquoi alors un panneau, sur la route, indique le camping Il me répond que cela le regarde et qu'il fait ce qu'il veut chez lui. Nous avons rencontré un connard. Nous avons la preuve qu'il en existe dans tous les pays. Fatigués et ne voulant pas aller plus loin nous plantons la tente sur un terrain herbeux près de l'entrée du camping.
C'est à Lloret de Mar à quinze kilomètres plus loin seulement que nous trouvons un camping. Lors des formalités je m'aperçois que je n'ai pas ma carte d'identité. Elle n'a pas été rendue à Bernadette hier matin. Le réceptionniste téléphone au camping de Platja d'Aro. La carte est bien restée là-bas. Elle sera expédiée par le premier courrier. Nous n'avions pas envie de rester plus d'une journée à Lloret de Mar mais cas de force majeure oblige.
Lloret de Mar - usine à touristes et repaire de voleurs
Dans l'attente de la carte d'identité nous nous mélangeons aux nombreux touristes de la station balnéaire de Lloret de Mar. La ville n'est pas très jolie avec ses hauts immeubles. De nombreux hôtels, de toutes classes, avalent et vomissent, par autocars entiers les vacanciers du troisième âge (dont une majorité de nationalité allemande). La promenade du bord de mer est l'endroit que nous préférons.
Le troisième jour alors que nous revenons d'une de ces sorties nous découvrons que notre toile de tente a été visitée. Les sacoches avant du tandem ainsi qu'un sac à dos ont disparus. La réception du camping étant fermée je m'informe auprès des autres campeurs s'ils ont vu quelque chose de suspect. Hélas, tout le monde était comme nous en promenade. Nos soupçons se portent sur un allemand (qui vit dans un vieux combi Volkswagen) et qui vient régulièrement prendre des douches au camping avec deux ou trois autres acolytes (et alcooliques). Ils pénètrent dans le camping par une porte située à l'arrière sans être vus de la réception.
Le lendemain lorsque la réception du camping ouvre je signale le vol. Le réceptionniste me dit qu'un jeune couple de français s'est aussi fait voler. Au commissariat la fonctionnaire qui prend ma plainte me dit avec franchise que Lloret de Mar est truffée de voleurs à la tire qui profitent de l'affluence des vacanciers. Il y a peu d'espoir pour que nos affaires soient retrouvées. A la sortie je rencontre les jeunes français lesquels expliquent que le voleur a découpé au couteau la capote de leur véhicule et pris tous leurs vêtements ainsi que l'appareil photos numérique. Dégoûtés ils reprennent le chemin de la France.
En soirée l'allemand au combi Volkswagen vient prendre une douche avec un autre marginal. Le réceptionniste appelle la police mais celle-ci n'ayant pas l'autorité pour fouiller le véhicule l'homme est questionné mais pas inquiété. Il est à penser que les objets dérobés ne sont déjà plus là.
Nous restons deux jours encore au cas où la police trouverait notre larron. Mais rien...
A Callela nous rencontrons deux jeunes américaines qui font à vélo Avignon-Barcelone. Elles sont anti-Busch et le font savoir tout haut. Habitant Chicago elles nous invitent à passer chez elles au cas ou nous visiterions cette ville. Une française (originaire de Quimper) mariée à un espagnol s'intéresse à notre voyage et nous souhaite bon voyage. Une autre dame originaire de Bouguenais Les Couets (Loire-Atlantique) mais habitant le Tarn vient parler aussi un bon moment avec nous.
En fin d'après-midi nous trouvons un camping à El Masnou. Les jeunes américaines sont au bord de la piscine. Elles ont pris un bain pour se relaxer. Pour nous l'eau est trop froide.
Le camping mentionné à Bandalona dans la banlieue de Barcelone est introuvable. De plus l'endroit est hideux et crasseux. Nous préférons continuer.
Entrés dans Barcelone nous passons près de la colonne sur laquelle est érigée une statue de Christophe Colomb. Cherchant à sortir de la ville (que nous connaissons déjà) nous prenons la direction de Sitges ou nous voulons faire halte. L'itinéraire arrive sur une autoroute. Dans nos rétroviseurs nous voyons approcher un policier à moto qui à notre hauteur nous fait signe de nous arrêter. Avec amabilité il nous invite à faire demi-tour, ce que nous faisons avec la plus grande prudence. De retour en ville nous sommes renseignés à plusieurs reprises par des policiers et nous trouvons enfin la bonne direction mais nous sommes trop loin de Sitges pour y arriver ce soir. A Castelldefels nous cherchons sur le bord de mer mais nous ne trouvons pas de camping. La route reprise nous repérons (entre la voie ferrée, l'autoroute et la route) une sorte de lande camouflée par des sapins. Le bruit est continu mais nous n'avons pas le choix car la nuit va tomber.
L'humidité de la lande plus de petites averses cette nuit ont rendu humides les deux cotés de la toile de tente. Heureusement ce matin un soleil généreux sèche rapidement tout cela.
Les vues de la corniche sont très belles ce qui nous récompense de nos efforts. Notre progression est rendue dangereuse par de nombreux camions qui se rendent ou viennent de carrières dans la région. A mi-chemin de Sitges la roue arrière du tandem crève. Le pneu est usé alors qu'il a été posé neuf à Montélimar. Le marchand de cycles m'a vendu de la merde au prix de la qualité. Je prends le pneu de la roue de secours.
Une Catalogne libre "pourquoi" ?
Les campings à Sitges ne sont pas au bord de mer. Une jeune femme nous en indique un à quatre kilomètres dans les collines. Nous la remercions et pour être aimables nous lui posons des questions sur la Catalogne. Nous nous apercevons vite que c'est une indépendantiste acharnée, niant aux espagnols les droits qu'ils pourraient avoir sur la région. Elle affirme que la Catalogne est une nation au même titre que la Slovaquie et la Tchéquie et que l'état espagnol est en territoire catalan comme pays colonialiste. Après une heure et plusieurs tentatives nous réussissons à partir. Montserrat (c'est le prénom de la jeune femme) compte tenu de sa passion nous laisse à penser que nous n'avons pas perdu notre temps. Suivant ses indications nous trouvons le camping à Villanova i la Geltru. C'est propre et les emplacements sont bien délimités. Cela vaut les 22 € demandés. Nous faisons une halte de quatre jours.
Le camping est surtout peuplé de hollandais et d'allemands. S'il s'y trouve des français ils sont bien cachés.
Le deuxième jour j'en rencontre un. Il est en camping-car avec son épouse. Le couple s'intéresse à notre voyage et au matériel d'autant qu'ils sont aussi tandémistes (leur engin est à faire pâlir le notre avec ses tubes aluminium et freins à disque). Nous terminons nos explications dans le camping-car en prenant l'apéritif et en dégustant un excellent saucisson que produit Jean Marie qui est charcutier en Auvergne.
Quittant Villanova i la Geltru nous passons Coma-Ruga une station balnéaire pratiquement vide.
free "why" Catalonia?
A l'entrée de Taragona nous délaissons le camping pensant en trouver un autre plus loin. Hélas la ville passée les kilomètres se succèdent sans camping. La nuit approchant nous cherchons aux abords de la nationale un endroit pour camper mais rien n'y est propice. Dans la pénombre nous trouvons enfin une place près d'une haie. Nous camouflons la tente et le matériel sous les arbres. Ce n'est pas l'endroit idéal. A proximité se trouvent des usines traitant des produits chimiques mais comme ils fait nuit...
Au matin nous ne nous attardons pas. La tente est pliée humide. Après vingt kilomètres nous trouvons un camping de 1ère catégorie (3 étoiles). Nous nous y installons sans savoir pour combien de jours. Le camping de Montroig a des sanitaires neufs et chauffés. Bien que la saison soit avancée le supermarché, une boutique et le restaurant sont encore ouverts. Nous y sommes tellement bien que nous y restons 8 jours.
Lors de notre départ le temps est incertain. Nous roulons bientôt sous la pluie. Après avoir longuement cherché nous trouvons dans la petite ville d'Ampolla un camping vieillot. Il est tenu par une anglaise installée là depuis plus de 35 ans. Elle loue des bungalows de bois à 39 €. Je réussis à en avoir un pour 30 €. Lorsque je dis cela à Bernadette elle va renégocier et revient avec une nouvelle baisse de 5 €. Elle a refusé les draps proposés (nous avons nos sacs à viande et nos duvets). La pluie qui tombe drue courre sur le terrain. Il pleut encore pendant deux heures. Nous nous félicitons de notre choix.
Vers 22 heures la patronne du camping vient nous dire que les prévisions météo pour demain seront bonnes. Elle nous apporte aussi une photocopie de la carte du delta de l'Ebre ou dit-elle le paysage est magnifique. C'est dans le calme absolu que nous nous endormons.
Les averses de la nuit n'ont pas perturbé notre sommeil. Au moment de partir la patronne du camping sort de chez elle et nous souhaite bon voyage.