Terre de Feu Ushuaia - Land of fire Ushuaia
Après avoir quitté la douane Chilienne nous traversons le détroit de Magellan et filons rapidement vers le sud en direction d'Ushuaïa.
Une grande partie de la route est sous forme de piste. Celle-ci est peu entretenue. Elle semble abandonnée par les autorités chilienne lesquelles il est vrai n'ont aucun intérêt financier, compte tenu que la majorité des véhicules qui l'empruntent vont d'Argentine à la partie sud de la Terre de Feu qui est aussi argentine. Comme il a plu pendant la nuit notre Defender est vite couvert de boue, soit projetée par nous ou par les autres véhicules qui nous croisent où que nous doublons.
Passés sur le territoire d'Ushuaïa nous retrouvons l'asphalte et les paysages évoluent. De la plaine où paissent des milliers de moutons nous trouvons des régions boisées et montagneuses. La nature est pour l'essentiel laissée à elle-même. De nombreux arbres, sans doute couchés par les vents violents gisent à terre et pourriront sur place lorsque leurs carcasses blanches auront été rongées par les vers.
Après des milliers de kilomètres dans la pampa revoir des routes sinueuses, de la neige, nous revigorent..
Comme nous avons très peu dormi la dernière nuit nous nous offrons à l'hosteria Kaiken au bord d'un lac à une centaine de kilomètres avant d'arriver à Ushuaïa
Ushuaia.
Lorsque nous arrivons aux abords d'Ushuaïa nous sommes surpris de la superficie de la ville. Les divers reportages que nous avions pu en voir nous donnaient des dimensions plus restreintes.
Cette ville du bout du Monde n'a rien à envier à ses soeurs placées beaucoup plus haut dans le pays. On y trouve tous les produits dont nous avons besoin. Des supermercados de belle surface (il y a aussi là un magasin Carrefour) regorgent d'articles de Noël. Les argentins champions du crédit vont pour l'occasion s'endetter un peu plus.
Dès notre arrivée nous suivons le fléchage des différents campings. Le municipal ne serait pas mal placé et nous aurait intéressés mais il n'est pas doté d'installations sanitaires, de plus il se trouve à plusieurs kilomètres de la ville. Le camping du Club Andin d'Ushuaïa tout proche de la ville est quant à lui cher mais il est le seul à offrir douches chaudes et emplacements délimités. Nous essayons d'obtenir une réduction en fonction du temps de présence. On nous offre 10%.
Sachant que des campings existent aussi dans le parc national qui se trouve à une vingtaine de kilomètres d'Ushuaïa nous décidons d'y aller en premier et d'y rester quelques jours. L'entrée du Parc est payante (30 Pesos par personnes pour les étrangers, 7 Pesos pour les argentins).
Une bonne quinzaine de kilomètres est faite sur une piste (c'est la continuité de la Ruta 3 qui va se perdre quelques kilomètres plus loin à Lapatiaia à la frontière du Chili). Après cela s'élargit et nous pouvons admirer des paysages de vallées et de montagnes aux cimes enneigées.
Des campings libres existent bien dans le parc mais les installations sont réduites à leur plus simple expression. Celui qui nous intéresse est pratiquement rempli par les argentins (nous sommes samedi). Nous savons que si nous nous installons là que nous ne dormirons pas de la nuit. Déjà, des flots de musique s'échappent des voitures quand ce ne sont pas de véritables sonos qui sont installées. Des dizaines de barbecues flamboient autour desquels des centaines de personnes s'agitent. Nous faisons demi-tour devant un car de touristes français qui s'étonnent de nous voir là avec notre véhicule.
Nous ne sortons pas du parc sans en visiter quelques coins qui sont aussi grouillants de touristes. Il est certain que passé une certaine heure, notamment dans les jours de semaine, ces endroits doivent être des plus agréables.
Nous ressortons du Parc National regrettant un peu de n'avoir pu y rester les deux jours que nous donnaient droit nos tickets d'entrée.
Nous revenons au camping du Club Andin d'Ushuaïa où nous trouvons installés les jeunes suisses rencontrés plusieurs fois déjà et le couple de belges avec leurs deux enfants.
Pendant notre installation, nous entendons provenant de la ville qui se trouve en contrebas de l'endroit où nous sommes des bruits de tambours et de percussions. Nous pensons qu'il s'agit d'un défilé exotique. Nous regrettons un peu de ne pas être présent pour pouvoir profiter du spectacle.
Le lendemain, alors que nous sommes en ville, nous entendons, comme hier, le bruit de tambours et de grosse caisse. Avançant dans sa direction nous voyons devant les bâtiments administratifs de la province, des hommes de souche indienne, qui manifestent à leur manière en vue d'une revendication. Sur les pancartes que certains brandissent ils réclament l'égalité et la dignité dans les emplois.
Pendant plus de dix jours les roulements de tambours se feront entendre chaque après-midi (après la sieste). Les manifestants ont-ils eu gain de cause ?
Ushuaia avant.
Avant l'arrivée de l'homme blanc (en 1862), le Pasteur Thomas Bridges, il n' y avait là qu'un bord de canal maritime sur lequel s'ébattaient les animaux marins et des cormorans battant des ailes. S'y trouvaient aussi, vivant paisiblement de la pêche et de la chasse de gibiers, de paisibles indiens, lesquels disait-on se promenaient nus, qui, pour se réchauffer faisaient de grand feux. Les bois serrés de cette terre leur permettant un approvisionnement inépuisable.
L'homme blanc qui était pacifique s'était fixé comme mission d'évangéliser ces peuples. Une concentration d'indiens, tout d'abord, à qui l'on appris à s'habiller et à avoir moins froid se regroupèrent autour de l'homme blanc. Ces hommes et ces femmes acceptèrent même en échange de suivre certains préceptes qu'on voulait leur inculquer.
Un village tout d'abord se développa aux alentours de la mission du pasteur Bridges. La proximité du canal (Beagle) où voguaient des voiliers se rendant de l'Atlantique au Pacifique (ou l'inverse) amena encore à plus de succès la colonie. Des aventuriers tout d'abord puis des émigrants vinrent s'installer. En vingt ans, le village devenu ville attira l'attention du gouvernement argentin. Ce dernier proposa au pasteur de lui acheter (alors qu'officiellement il n'était propriétaire de rien) sa mission et de lui offrir en échange un immense domaine. Le pasteur ne voulant pas s'éloigner totalement de ce qu'il avait créé choisi une terre située à environ 70 kilomètres. L'endroit s'appelait Harberton. Sur les 20 000 hectares octroyés il construisit une estancia (qui existe toujours).
Jusqu'à la fin de ses jours, le pasteur Bridges continua à protéger les indiens. Ces derniers avaient la possibilité de venir se réfugier sur les terres de l'estancia lorsque des chasseurs de tête les menaçaient ailleurs, (hélas, le pasteur ne put tous les protéger de son vivant et après sa mort les massacres d'indiens se poursuivirent jusqu'à leur extinction complète suite aux crimes perpétrés par les colons blancs ou les maladies importées par eux).
Ushuaia aujourd'hui.
Le centre ville d'Ushuaïa se situe surtout autour de la rue du général San Martin, coeur commerçant et poumon économique de la ville. Ushuaïa vit pour l'essentiel du tourisme. Le calme y revient à l'heure de la sieste (qui est ici comme dans toute l'Argentine scrupuleusement respectée).
Si les immeubles du centre sont bien terminés et dans l'ensemble correctement entretenus il n'en est pas de même dans toute la ville. De nombreuses maisons sont faites de bois et de tôles avec des environnements le plus souvent sales et encombrés.
Pendant une semaine nous avons eu comme compagnons de camping Sybille et Michaël le couple de jeunes suisses rencontrés à plusieurs reprises mais avec lesquels nous n'avions alors échangé que quelques mots de courtoisie.
Leur départ nous a fait comme un grand vide mais comme ils le disent leur durée de voyage est programmée et ils ne peuvent pas rester aussi longtemps que nous même lorsque cela leur plait.
Bien sûr, nous aurons le plaisir de nous revoir un jour.