Au revoir Istanbul Ville magique.
Au revoir Istanbul, ville magique.
La reprise est dure après onze jours d'inactivité physique. Pour le départ le vent a voulu être de la partie mais de face. Nous quittons Istanbul par le nord de la mer de Marmara. La route longe la cote. C'est très agréable. Le soir nous trouvons à Kücükcemece un hôtel. De 45 € le prix descend à 25 €. Il faut toujours négocier dans ce pays. Cela paye.
Entre Kücükcemece et Silivri la route joue les montagnes russes. Les nouveaux rapports de vitesses montés à Istanbul nous facilitent la progression. A midi, dans un petit restaurant, je mange avec appétit le poulet frit (la bête a du courir car la viande tient bon sur les os) mais Bernadette qui sent de la fièvre monter n'a pas d'appétit.
A Silivri nous trouvons un hôtel acceptable grâce à l'obligeance d'un homme et de sa fille. Nous sommes à peine dans la chambre que Bernadette se couche. Je lui donne des médicaments et par précaution j'en prends aussi. Dehors un tintamarre est produit par des membres de partis politiques qui agitent des drapeaux et appuient sur les klaxons tout en parlant dans des micros. Dans trois jours il y a des élections. Regardant par la fenêtre, je vois un vieux qui arrache des affiches toutes juste collées. Ce ne sont certainement pas celles de son parti.
De Silivri à Tékirdag la route est identique à hier. Les médicaments ayant fait de l'effet nous partons sans trop de difficultés. En cours de route nous rencontrons un turc dont les trois filles habitent en France. Il est si heureux de parler avec nous qu'il nous retient une demi-heure. L'après-midi finissant nous cherchons un endroit pour arrêter. Un camping fermé offre d'ouvrir mais les installations sont si vétustes et sales que nous préférons continuer. Il en est de même pour une pension au gérant et aux chambres sales et au prix trop élevé. La nuit étant tombée il nous faut faire encore plus attention aux camions et voitures malgré les éclairages mis. A Tékirdag nous trouvons un hôtel qui baisse son prix de 7 000 000 de livres après négociations. Nous avons fait que 59 kilomètres mais nous sommes si fatigués que nous n'allons pas dîner.
Nous restons une journée à Tékirdag, non pas pour la ville qui est ordinaire mais pour nous reposer. A la réception de l'hôtel on nous indique que pour cette seconde nuit il n'y aura pas de réduction de 7 000 000. Tant pis.
Les jours qui suivent ressemblent au précédents. Les petites villes de Malkara, Kesan, Saros, Gelibolu, Lapséki sont tristes et sans intérêt. La nature est entretenue, les champs labourés mais on sent la pauvreté? Les hôtels sont à la limite de la salubrité. Les propriétaires annonces des prix élevés que nous nous empressons de remettre à un plus juste prix (bien encore au-dessus encore de ce paient les turcs).
Après avoir traversé le Détroit des Dardanelles nous arrivons de nuit à Canakkalé, ville d'importance moyenne. Sur les boulevards, insuffisamment éclairés, je ne vois pas une bouche d'égout, située en creux. Une roue de la remorque y tombe. Le choc provoque la rupture d'un renfort de flèche. Ce n'est qu'au 8ème hôtel qu'un prix raisonnable nous est proposé. De plus, nous avons un garage gardé et couvert (à 200 mètres) pour notre matériel. A bout physiquement et nerveusement, arrivés dans la chambre, nous nous couchons. Il est 19 heures 30.
Une halte à Canakkalé s'impose. Nous allons y rester deux jours. Pour nous reposer tout d'abord et pour réparer la remorque.
La première journée est consacrée à la visite de la ville qui, sans être désagréable n'a pas de charme particulier. Le fait qu'il pleuve n'améliora pas nos impressions. En prévision de mauvais jours nous achetons des cirés plastiques et un parapluie pour Bernadette. Fatigués de manger kebab nous cherchons d'autres menus dans les restaurants mais sans grand succès. Lorsque nous nous couchons il pleut toujours.
Le second jour, après avoir beaucoup cherché, je trouve une serrure pour la remorque. Une soudure est aussi faite au renfort de flèche par un jeune qui travaille dans un magasin de réparation de cyclomoteurs. Nous voici à nouveau parés pour un nouveau départ. L'étude de la carte nous promet de grosses difficultés. De cols de belle amplitude seront à franchir pour atteindre Izmir. Dans une compagnie de bus nous achetons des billets. On nous dit que notre matériel devrait entrer en soute.
En ce 7 novembre 2002, 216ème jour de voyage, nous nous félicitons d'avoir réservé des place en bus. La pluie dehors tombe à gros bouillons. Arrivés avec notre matériel, au point de départ, nous apprenons que le conducteur ne veut pas embarquer le matériel. Nous demandons le remboursement de nos billets. Il est près de midi. Nous voici dans de beaux draps.
Après un moment de réflexion, la pluie ayant cessée, nous décidons de prendre la route d'Izmir. Advienne que pourra. Sur la route, Bernadette dit que nous devrions simuler une panne, peut être que quelqu'un nous prendrait en charge.
Six kilomètres plus loin, Bernadette attire mon attention. La remorque bouge étrangement. La soudure faite hier n'a pas tenue. Le voeu fait tout à l'heure s'est réalisé mais nous sommes dans la m....
Brave Mehmet.
Arrêtés sur le bord de la route je regarde les véhicules qui passent en cherchant celui qui pourrait nous prendre (petit ou gros camion, cabine vide). Arrive un petit camion, mois de 3,5 tonnes, répondant aux critères. Je lève le pouce. Le camion s'arrête. J'explique au conducteur ce qui nous arrive. Il ne comprend ni le français, ni l'anglais, mais un coup d'oeil lui suffit pour embrasser la situation. Le matériel est monté, calé et attaché dans le camion qui d'ordinaire doit transporter du poisson. En turc et à force de gestes le conducteur nous explique qu'il va nous emmener à Izmir, distante de 300 kilomètres mais qu'avant il doit s'arrêter quelque part. Nous sommes trop heureux de l'aubaine pour lui refuser. Avant son arrêt, justifié par le contrôle de la distribution de gas oil (le filtre est encrassé mais le garagiste qui l'aurait nettoyé il y a deux jours ne veut pas l'admette), nous passons à une intersection signalant la ville de Truva, l'ancienne ville de Troie que nous aurions peut être visité sans le problème de soudure.
Mehmet qui ne devait certainement pas aller plus loin entreprend de nous emmener à Izmir. Cela va assez bien pendant un tiers de la route puis le moteur commence à manquer de puissance. Pour reposer le moteur et nous refaire des forces nous prenons le repas du soir dans un restaurant connu de Mehmet. Là, se retrouvent tous les camionneurs empruntant la cote ouest. Au moment de payer Mehmet refuse que nous le fassions et interdit au serveur d'encaisser notre argent. Lorsque nous reprenons la route le camion est encore plus poussif. Les montées, le plus souvent à plus de 12 et 15%, ne facilitent pas la progression. Nous observons aisément à quoi nous avons échappé.
Nous arrivons à Izmir à 20 heures. Mehmet nous emmène dans un quartier qu'il semble connaître. Les hôtels sont miteux mais nous ne faisons pas les difficiles. Nous proposons à notre nouvel ami de lui offrir une chambre pour qu'il se repose avant de repartir. Il refuse. Nous comprenons qu'il doit être demain matin à Cannakalé. Grand merci à toi Mehmet.