Selcuk>>>Antalya
SELCUK >>> ANTALYA
Sur la route en direction de Selcuk nous rions encore du bon tour que nous venons de faire au réceptionniste de l'hôtel. Bernadette, en colère depuis trois jours de ne pas avoir d'eau chaude, d'avoir vu le ménage fait une fois seulement, les serviettes de toilette non changées a procédé à une soustraction d'un tiers de la note. Le réceptionniste veut, pendant quelques secondes, rendre l'argent proposé mais il se ravise et le met dans le tiroir caisse. Nous avions pris la précaution, avant le règlement, de sortir le matériel sur le bord de la rue.
Avant d'arriver à Selcuk nous sommes agressés par deux gros chiens qui retroussent leurs babines et montrent les dents. Bernadette en experte lève la canne achetée à Istanbul, les chiens s'arrêtent.
En ville nous trouvons une chambre à l'hôtel de Paris. Dans l'après-midi nous allons vers Ephèse avec l'intention de visiter les ruines. Bêtement, trouvant l'entrée trop chère (9,00 € par personne) nous nous abstenons. Nous le regretterons plus tard.
A l'hôtel nous rencontrons en soirée deux jeunes bretons. Ils viennent de faire le tour de l'Europe et pensent aller vers l'Afrique. Voyageant sans le sou, il leur est arrivé de chercher dans les poubelles pour manger. Leurs vêtements sont transparents tellement ils sont usés. Nous les trouvons sympa.
Dès la sortie de Selcuk la route se met à grimper. En chemin nous sommes amusés d'un petit train rouge qui grimpe dans la montagne. Il semble peiner autant que nous. Tout à nos observations nous ne voyons pas une voiture s'arrêter. C'est à leur hauteur que nous réalisons qu'ils ont stoppé pour nous. C'est un jeune couple rencontré hier à Ephèse. Ils semblent ébahis de nous voir en pleine montagne. Travaillant dans un cabinet d'avocats parisien. Fatigués de la routine ils sont partis eux aussi à l'aventure pour un an. Ils voyagent par divers moyens. En ce moment ils s'offrent en extra une voiture de location pour une semaine.
Notre route reprise nous voyons les paysages changer régulièrement. Tantôt nous avons de la terre rouge, des herbes sauvages qui diffusent leurs parfums, des pins ancrés sur des rochers comme en Provence. Tantôt ce sont des montagnes puis un plateau qui ressemble au plateau de mille vaches en Auvergne (sans les vaches sauf quelques unes au piquet qui broutent sur le bord de la route). Les habitations ne sont pas toutes terminées comme le veut l'usage (il paraît que tant que la maison n'est pas terminée on ne paie pas d'impôt). Enfin, sur les trente derniers kilomètres la route est presque plate ce qui nous permet d'arriver plus tôt à Aydin.
Après avoir réglé notre hôtel nous constatons que plus personne ne nous connaît. La gentillesse turque est évolutive. La journée est belle. Autour de nous c'est la saison des oranges, mandarines. Les cueilleuses nous font des signes de la main. La route est agréable, dommage que les camions nous rasent de près en actionnant leurs klaxons, comme si leurs engins ne faisaient pas assez de bruit. Les turcs si charmants comme piétons deviennent des assassins en puissance derrière un volant. A midi, nous prenons notre temps pour déjeuner (les turcs mangent en quelques minutes). A 15 heures 30 nous sommes à Nazilli ou un hôtel trois étoiles (pas terrible) nous fait la chambre pour 22 000 000 (toujours après discussion). A peine sommes nous arrêtés qu'une roue de la remorque se dégonfle.
Journée de repos. Ce n'est pas une crevaison mais une rustine qui se décolle à la roue de la remorque. Coup d'oeil sur la carte. Devant nous, avant Antalya, des cols prévus à 900 et 1200 mètres. A tout hasard nous cherchons à louer un véhicule ou à nous faire transporter. Un quidam m'ayant dit, le matin, pouvoir effectuer le transport pour 56 000 000 (30 €) nous annonce l'après-midi 160 000 000 livres (86 €). C'est du vol. Nous déclinons l'offre.
Très longue journée - Ali le kamikaze.
Le temps superbe est frais. Nous démarrons en terrain plat. Après 30 kilomètres cela commence à monter. Au 33ème kilomètre, un homme près de son camion nous fait signe. Il va à Antalya et peut dit-il nous y emmener (gratuitement). Nous nous empressons d'accepter ce qui va nous éviter une semaine dans les montagnes.
Ali est un petit homme sympathique. Il a dans la quarantaine. Il fait deux fois par semaine Antalya-Izmir-Antalya. Fatigué, il dit que notre présence sera pour lui une sécurité.
A midi nous offrons le restaurant à notre conducteur. La route défilant, Bernadette et moi n'avons pas honte de nous faire transporter. Les montées et les descentes sont souvent de l'ordre de 15%, difficiles dans un sens et dangereuses dans l'autres. Rien qu'au régime du moteur du camion nous comprenons les efforts qui nous sont évités.
Le temps et les kilomètres s'écoulant nous voyons la fatigue sur le visage d'Ali. Pour éviter qu'il ne s'endorme je lui parle sans cesse, même s'il ne comprend pas tout ce que je lui dis. Un moment, à l'entrée d'une petite ville, dans un virage, nous le réveillons par nos cris. Il réagit en freinant brusquement. Le camion s'arrête sur un terre plein à droite de la route. Derrière nous, le tandem et la remorque ont changé de places.
A Antalya Ali tient à nous présenter sa femme et à nous offrir un chaï. Lorsque nous arrivons à son domicile sa femme est absente. Elle est partie emmener une jeune voisine à l'hôpital (pour accoucher). Nous partons à la recherche d'un hôtel. Ceux du centre d'Antalya n'ayant pas d'endroit pour notre matériel nous allons dans la zone touristique au-delà de la plage. Pour libérer Ali nous prenons le premier venu. Hélas, il est sale, l'ampoule principale est grillée, les serviettes sont manquantes. Bernadette pousse de la voix...