Inde 4 mois et 3 semaines 2087 kilomètres - India 4 months and 3 weeks 2087 km
Inde - Pays des mille et un contrastes.
En noir trajets fait à tandem
En bleu trajets fait en train
L'INDE est un pays que l'on peut aimer ou détester mais qui ne laisse jamais indifférent
Escale à Paris-Roissy Charles de Gaulle
L'avion venant d'Amsterdam arrive à Paris avec plus d'une demi-heure de retard. Il nous reste moins de 30 minutes pour avoir l'avion qui part pour Mumbai - Bombay. Une longue file voyageurs pour d'autres destinations nous laissent à penser que si nous en prenons la queue nous n'aurons pas notre correspondance. Tant pis, je fais taire mes scrupules et oublie les règles de la politesse. Je longe la file et m'insère en tête. De nombreuses personnes qui attendent depuis longtemps me crient dessus pour mon sans gêne. Le policier dans un premier temps m'intime de retourner en arrière. Après lui avoir fait part de ma certitude de manquer l'avion je reste stationné près de son guichet. Il nous fait passer. Dix minutes plus tard nous sommes dans l'avion qui ferme ses portes derrière nous. Ouf, j'ai manqué de savoir vivre mais pouvions-nous faire autrement.
Stopover in Paris-Roissy Charles de Gaulle
Mumbay nom indien de Bombay
8 heures après avoir quitté Paris nous arrivons à Bombay. Il fait nuit. A la sortie de l'avion la chaleur nous saute au visage. Il fait plus de 30°. Les formalités que nous craignions sont un peu lentes mais on nous regarde à peine.
Avant de quitter l'aéroport nous cherchons un hôtel. De nombreux guichets offrent leurs services. Nous en prenons un au hasard mais pas trop éloigné de l'aéroport. Il est à 1200 roupies (25 €), transport en taxi compris. Ce soir nous n'avons guère le choix.
La circulation est anarchique. Chacun se faufile sans se soucier du code de la route. Nous sommes surpris que cela passe. Après un quart d'heure le taxi s'arrête devant un hôtel très moyen mais qui arbore fièrement ses trois étoiles. Les formalités d'accueil sont longues le réceptionniste devant noter nos noms mais aussi les numéros de visas. Nous sommes accompagnés jusqu'à la chambre (le garçon attend son pourboire). La chambre est sans confort. Malgré le double vitrage nous entendons le bruit de la circulation sur le boulevard et les rues avoisinantes. Nous ne savons en quel honneur mais de nombreux pétards sont brûlés. Les détonations nous donnent l'impression d'être dans une ville en guerre. Nous arrêtons la climatisation trop froide et apprécions le brasseur d'air du plafond. Fatigués nous nous endormons rapidement.
Mumbai Bombay Indian name
Première journée dans le chaudron
Le petit déjeuner est servi dans la chambre (il n'y a pas de salle pour breakfast). Le café de Bernadette est infect, le thé est passable. Les toasts beurre sont sans confiture, le sandwich au poulet est réduit à quatre tranches de pain de mie. Je partage mon thé avec Bernadette. Dehors le bruit s'est amplifié. La circulation de jour est encore plus folle que de nuit. C'est le plus intrépide ou inconscient qui passe.
Les rues et le boulevard sont sales. Les habitations hormis l'hôtel sont faites de tôles.
Plongés dans le chaudron
Nous prenons un rickshaw pour aller à la gare d'Andéri. Nous voulons voir les trains pour rejoindre le centre ville de Bombay situé à 20 kilomètres. Le conducteur du rickshaw nous donne des frayeurs lorsqu'il se glisse entres les autres véhicules et frôle les vaches arrêtées au beau milieu de la rue. Il ne tient pas compte des piétons mais il les klaxonne. Il nous fait descendre en nous montrant une direction de la main. A peine les pieds au sol nous avons à nos basques des mendiants des deux sexes et de tous âges. Ils 'accrochent, nous tapotent les bras et nous montrent leurs sébiles. Nous n'avons pas de petites monnaies. Ils nous suivent une centaine de mètres. A contrecoeur je fais les gros yeux. Ils finissent par nous lâcher. Nous avons perdu notre chemin. en louvoyant parmi les gens sur le trottoir, les boutiques qui avancent, les petits marchands installés à même le sol nous revenons sur nos pas.
A la Gare d'Andéri nous prenons un escalier et une passerelle aux marches usées par des milliards de pas. Nous arrivons à la station. Le hall avec ses guichets est sale du sol au plafond. Nous ne comprenons pas les informations mentionnées en hindi. De longues files d'attente s'étirent devant les guichets. Bernadette qui est en short est très regardée. Les hommes regardent tout d'abord ses cuisses avant de monter vers le visage. A coté je passe totalement inaperçu. Nous renonçons à prendre des renseignements et tout bonnement le train. En traversant les voies au dessus de la passerelle nous avons vu des grappes humaines accrochées aux portes des wagons ainsi que sur les toits.
Pour déjeuner nous cherchons un restaurant. Sur les trottoirs défoncés il nous faut faire attention pour ne pas marcher sur les miasmes et les gens assis. Nous trouvons un restaurant acceptable. On nous mène au premier étage dans une pièce climatisée. Le froid nous saisit. Nous commandons des pepsi-cola refusant l'eau plate en pichets. Nous avons une fourchette et une cuillère mais pas de couteau (les indiens mangent avec la main droite et avec les doigts). Ils prennent la viande (quand ils peuvent s'en payer) et l'enrobe de riz. Les crevettes, l'agneau et le riz sont bons mais très épicés.
Dans les boutiques Bernadette cherche un châle pour couvrir ses jambes mais ils sont tous vendus avec le sari.
Nous revenons à l'hôtel à pieds. En chemin des femmes assises à même le sol enfilent des fleurs. L'une d'elles fait signe à Bernadette qu'elle voit mal et lui demande de lui donner ses lunettes. Sur le boulevard où se trouve l'hôtel les habitations sont misérables. Dans les caniveaux coule de l'eau noire à l'odeur nauséabonde. Les trottoirs couverts de vieux papiers gras et détritus sont de véritables dépotoirs. A l'arrivée une douche est bienvenue.
First day in the cauldron
Vers le centre de Bombay
Bombay est très étendue. Pour rejoindre le centre nous prenons un des taxis qui attendent près de l'hôtel.
Naïvement nous pensions quitter rapidement les quartiers misérables d'Andéri mais tout le long de la route nous voyons des immeubles sales et bâtiments de fortune. Les gens sont allongés sur le sol. La Saleté est repoussante. Dans le centre ville les taudis s'imbriquent entre les immeubles en bon état ou neufs. Des échoppes vendent des articles de toutes sortes (textiles, alimentaire, fleurs...).Dans le quartier des "lavandiers" on s'active autour d'immenses cuves ou l'on fait bouillir du linge. Nous voyons plusieurs temples mais ils ne peuvent être visités. Un superbe magasin, climatisé, vend des articles de luxe et des souvenirs de qualité. Chaque étage a sa spécialité. Sur le retour nous demandons au chauffeur de taxi de nous emmener dans un restaurant que nous avons repéré hier. Il nous emmène par des rues aux odeurs fortes. Nous voyons , au hasard, des cochons en liberté cherchant du groin dans les détritus, un taureau mort laissé sur un tas de fumier, des gens allongés devant de minuscules maisons faites de bric et de broc et cuisinant à même le sol. Les rues sont envahies de piétons et sont bloquées par les voitures, rickshaws, camions, bus etc.... Tout le monde se dispute la place. Le taxi arrivé à l'endroit demandé nous voulons descendre mais il veut nous arrêter du bon coté. Il décide de faire demi-tour bloquant encore plus la rue. Pour faire les quelques mètres que nous aurions pu faire à pieds il met plus de cinq minutes. Nous dînons correctement. Le retour se fait au milieu des mêmes scènes. Des gamins font éclater des pétards. Ces derniers coûtent autant de roupies qui seraient utiles pour faire manger une famille pendant plusieurs jours.
Les jours suivants, dans l'attente du matériel, nous faisons d'autres sorties dans d'autres quartiers de Bombay. Des bâtiments de belle architecture datant de la colonisation anglaise seraient remarquables s'ils étaient restaurés ou entretenus.
Towards the center of Bombay
Bombay - quartier des lavandiers Bombay - the lauderers district
Bombay is very extensive. To reach the centre we take one of the taxis waiting near the hotel.
Bombay - pagode Bombay - pagoda
Bombay - vendeur et vendeuse dans un magasin sélect - photo prise à leur demande Bombay - seller and salesperson in a select shop - photo taken at their request
Bombay - sur une plage de l'Arabian Sea avec des vendeuses Bombay - on a beach of the Arabian Sea with the vendors
Bombay - quartier Andéri - photo prise de la chambre d'hôtel Bombay - Ward Ahmad - picture taken from the hotel room
Bombay - Bernadette avec notre chauffeur de taxi qui nous a promené pendant notre séjour à Bombay Bombay - Bernadette with our taxi driver who has paraded us during our stay in Bombay
La douane de Bombay
Vendredi 31 octobre. Le matériel est à la douane. Je m'y rends avec le taxi qui nous trimballe depuis notre arrivée. Le transitaire qui me remet le document de douane n'oublie pas de me demander 283 roupies. Pour entrer dans la zone fret on me demande 300 roupies. Je me récrie en disant que les indiens ne paient que 60 roupies et que de toutes façons je n'ai que 50 roupies sur moi. On me les prend et j'ai un laisser passer pour le conducteur de taxi et moi.
Je crois que les formalités vont être rapides et se faire sans difficulté. Pour cela me dit-on il faut donner 10 000 roupies. Je refuse arguant que les objets sont ma propriété depuis longtemps et que je ne fais que transiter par le pays. On m'indique un banc et l'on me demande de m'asseoir. J'attends depuis deux heures lorsqu'un employé vient me dire de revenir à 14 heures 15. Les services ferment une heure pour le lunch. Je profite de la pause pour boire un Pepsi-cola, le chauffeur, lui, mange du riz avec de la sauce (je lui propose de lui payer de la viande mais il refuse).
14 heures 15, toujours sans nouvelle de mon matériel je demande à voir un responsable. Un fonctionnaire avec deux galons vient au bout d'une demi-heure et fait ouvrir la remorque. Il demande aussi que tandem soit déballé mais je m'y oppose ayant encore à le transporter. Il repart sans rien dire. A bout de patience je demande à voir son chef. Un autre fonctionnaire (avec quatre galons) arrive, regarde avec intérêt la remorque, me demande l'itinéraire que nous avons prévu d'emprunter. Au nom de Pondichéry son visage s'éclaire. Il est originaire de cette ville. Il dit avoir vu Jacques Chirac et être son ami. Je profite de ce bon état d'esprit pour lui dire que les droits de douane ne sont pas justifiés. Il me dit qu'il va voir cela avec le big chef. Je demande à le suivre. Dans un bureau peu éloigné un autre fonctionnaire en civil est informé de mes récriminations. Après réflexions et discussions en hindi et non en anglais la somme baisse de 10 000 à 1 500 roupies, pas une de moins. On m'explique qu'une partie du service est rétribué par les frais de douane non officiels. Ne rien donner ferait blocage de la part des personnels. Lui et le 4 galons seraient désolés de me revoir demain et peut être après demain. Je consens au final à débourser l'équivalent de 25 € mais la bataille n'a pas été vaine car je n'oublie pas qu'au début ce n'était pas moins de 200 € qui étaient demandés. Je ne suis pas encore sorti du bureau du "big chef" que le tandem et la remorque sont déjà en chargement sur le taxi.
Ce racket légal est imposé à toutes les marchandises et effets personnels qui transitent par la douane. J'ai pu pendant que j'attendais me rendre compte qu'il n'était pas imposé seulement aux étrangers, les indiens y sont aussi assujettis. Celui qui, comme moi, qui ne veut rien donner au départ peut revenir pendant plusieurs jours. Il vaut mieux négocier le premier jour mais avec fermeté. Peu se paient le culot d'aller discuter dans les bureaux. Je crois que le 4 galons de Pondichéry et ""ami de Chirac"" a été mon joker.
Bombay - retour à l'hôtel avec le tandem (sur le taxi) et la remorque Bombay - return to the hotel with the tandem (on the taxi) and trailer
Où l'on quitte Bombay sans regret
2 novembre - par précaution nous avons demandé au chauffeur de taxi de nous guider jusqu'à la sortie de la ville. Nous roulons doucement sur une route très abîmée. A peine démarré la chaîne qui relie les deux pédaliers saute à plusieurs reprises. Les plateaux ont été déformés pendant le voyage d'Amsterdam à Bombay. Je pose les deux pédaliers neufs que nous avons en réserve. Pendant ce temps nous sommes le spectacle de plusieurs dizaines de personnes. Certains sont si près de moi qu'ils me gênent dans mes gestes. Nous repartons sous la chaleur. A mi chemin notre guide passe le relais à un ami, chauffeur de taxi lui aussi. Après 15 kilomètres depuis l'hôtel nous sommes lâchés seuls en direction de Panvel.
Where one leaves Bombay without regret
Pipi-caca
Longeant un ruisseau nous sommes amusés par la trentaine d'hommes, les fesses à l'air, en train de faire leurs besoins. Leurs baraques sont de l'autre coté du ruisseau.
Pee-POO
L'inactivité pendant plusieurs semaines en Hollande plus la chaleur 33° nous font rouler à l'économie. Nous appuyons sur les pédales avec modération. Il nous faut faire très attention à la circulation qui est aussi anarchique à la campagne qu'en ville. Nous devons constamment faire des gestes pour que l'on s'écarte de nous en doublant ou en croisant.
Les véhicules, à part quelques uns, sont anciens et en mauvais état. Les camions prennent des passagers. Quand il n'y a plus de place dans les cabines archi bondées on monte dans la caisse voire sur le toit s'il est rigide.
Vers 13 heures je suis pris de vertiges, insolation ou hypoglycémie ? Il semblerait que ce soit la deuxième hypothèse. Je prends trois pierres de sucre et deux mandarines puis je me repose pendant une dizaine de minutes allongé sur une bâche. Bernadette ressent une envie de vomir. Un Mc Donald's un peu plus loin nous permet de nous requinquer en climatisé. Sur le parking notre tandem et la remorque attirent les regards. A la sortie la chaleur nous souffle sur le visage mais tout va bien.
A Panvel après avoir délaissé plusieurs hôtels sordides nous prenons une chambre dans celui qui semble le meilleur. La façade vient d'être repeinte mais les chambres sont vieillottes et sales. Le wc a le dessus qui ne tient pas et la douche n'a pas de pomme. Derrière la porte c'est noir de crasse et d'humidité. Craignant de ne pas trouver mieux nous prenons. Bernadette fait changer les draps qui ne sont pas de première fraîcheur. Comme chacun le sait les indiens se lavent le derrière après la grosse commission, il n'y a donc pas de papier toilette. Un personnel de l'hôtel est obligé d'aller nous en acheter à la pharmacie.
Odeurs et putréfactions
En cours de route nous trouvons quelques réjouissances pour nos yeux et nos narines. Sous la chaleur suffocante, c'est tout d'abord le cadavre d'un chien que viennent déchiqueter les corbeaux. Plus loin ce sont les restes d'une petite vache ou d'un veau sans doute tué par un camion il y a plusieurs jours. Enfin pour que le plaisir soit complet c'est une vache qui avait commencé à vêler qui est crevée sur le bord de la route. Son sexe largement ouvert laisse voir une partie de la tête du veau. Les mouches ont déjà abondamment pondu. Avec la température de 40 à 45° au soleil la décomposition avance vite.
Odors and rots