Inde suite 2 - Harihareshwar
Harihareshwar - Harihareshwar et encore Harihareshwar
Au premier examen la réparation de la roue libre se révèle impossible.
Harihareshwar est un tout petit village sans commerce et encore moins de boutique de vélos. Il nous faut aller à Shrivardhan en rickshaw. Celui qui nous emmène est déjà en surcharge lorsque nous y montons. Nous trouvons des places près du pilote (chacun d'un coté, une seule fesse portant sur le siège). La route est défoncée mais le conducteur on le voit a l'habitude. Nous sommes brinquebalés durant la demi-heure que dure le trajet. A Shrivardhan aucun des réparateurs de cycles n'a de roue à cassette. L'affaire attire autour de nous une foule de curieux. Chacun veut voir, toucher la roue, si différente de celles qu'ils ont sur leurs vélos. Les 7 pignons leur semblent extraordinaires (les leurs n'en ont qu'un, parfois trois au plus). Malgré notre problème nous sommes amusés de voir ces gens regarder la roue comme une poule qui viendrait de découvrir un oeuf en pierre et qui ne saurait pas quoi en faire. Notre problème ne trouvant pas de solution Bernadette suggère que nous prenions contact avec Jim l'anglais. Peut être pourra-t-il nous trouver la roue à Bombay ? Un essai téléphonique n'aboutit pas. Nous lui envoyons un fax. Le retour vers Harihareshwar se fait dans la morosité et en surcharge. Le rickshaw fait pour 6 au maximum en transporte 10 (mais peut-on réclamer lorsqu'on paie 50 centimes d'€uros pour 18 kilomètres). A peine sommes nous à l'hôtel que Jim nous appelle. Il a bien reçu le fax. Nous lui donnons les précisions qu'il demande. Il promet de s'occuper de nous.
La vie à Harihareswhar
Nous avons déménagé de la chambre pour un bungalow. Nous y sommes plus tranquilles. Nous avons parfois la compagnie des singes de de minuscules écureuils gris. Les repas sont pris au restaurant de l'hôtel sous un abri de palmes. Le service est sans style. Agacée par la saleté des tables Bernadette donne ses ordres au serveur pour qu'il effectue un nettoyage correct. La surprise passée il s'exécute (mais les premiers jours il faut recommencer à lui rappeler). Nous n'allons pas du coté des cuisines. Un regard nous a montré qu'elles étaient si sales et graisseuses que notre appétit en serait coupé. Les journées se suivent sans changement notable. Hors des repas nous nous promenons dans les environs et au village. La plage me permet de profiter de la mer. Je fais trempette en compagnie d'indiennes en sari.
Life in Harihareswhar
Rien ne va
Deux jours après avoir été contacté Jim nous apporte une roue. Il est accompagné de sa femme et de son fils. Je constate rapidement que la roue n'ira pas. Jim s'est tellement démené pour la trouver que je tais ma déception. Ceci dit nous passons ensemble une agréable journée.
Que nos femmes en Occident sont heureuses
Nous sommes à déjeuner sous notre paillote quand une femme passe à proximité avec un gros fagot de bois mort sur la tête. Elle pose son fardeau et vient s'asseoir sur une des marches qui mène à l'endroit où nous sommes. Elle tombe soudain à la renverse et perd visiblement connaissance. Je me porte à son secours et la relève. Nous lui donnons de l'eau qu'elle boit à petites gorgées. La femme paraît fatiguée. De retour à la table nous la surveillons du coin de l'oeil. Elle semble avoir repris ses esprits. Ses forces reviennent. Dans une petite assiette je mets du riz, de la viande de poulet et de la sauce. Je plie en quatre un chapati (galette servant de pain) et offre le tout à la femme. Elle refuse en me disant quelque chose que je comprends pas. Un homme installé à une table près de nous me dit qu'elle va partir chez elle une fois reposée et qu'elle ne veut pas manger. Quelques minutes plus tard une enfant de 12 ans rejoint la femme. Elle prend le lourd fagot sur sa tête et s'en va suivie de la femme qui doit être sa mère.
18 novembre - journée de réflexion
1- faut-il commander une roue et des pièces de rechange par l'intermédiaire de nos enfants et de les faire acheminer par UPS ou DHL ?
2- faut-il tout simplement abandonner le voyage, notre matériel, et rentrer en France avec nos billets de retour qui sont encore valables jusqu'au 22 novembre ?
Une nuit de réflexion s'impose...
19 novembre - nous continuons
Dans la matinée par téléphone je demande à Danièla, notre fille, de nous expédier une roue montée et divers matériels. Cela devrait dit-elle être chez DHL ce soir.
19 November - we continue
Différents lieux - différentes moeurs
Le week end Harihareshwar est plus animé. Nous nous sentons moins seuls mais nous apprécions peu la compagnie des nouveaux parvenus. Ils sont imbus de leurs personnes. Ceci ne les empêche pas de se comporter comme de véritables cochons à table. Ce samedi soir, l'abri ou nous dînons est plein comme un oeuf. Les gens boivent, discutent, pètent et rotent. Des bruits caverneux se font entendre de-ci et de-là. Personne dans l'assistance n'est choqué. Par crainte d'odeurs chaudes nous préférons abréger le moment de détente.
La roue est arrivé à Bombay, mais...
En cette journée du 24 novembre je suis de méchante humeur. A midi, Vichnou (le serveur) en fait les frais. Je le houspille copieusement de ne pas tenir notre table suffisamment propre et de nous donner des verres avec des traces. N'ayant pas compris les paroles il en comprend le sens et s'affaire immédiatement à remédier aux manquements reprochés.
En fin d'après-midi je suis plus accessible. La roue est en douane à Bombay.
30 novembre - une aide improvisée
Nous n'avons toujours pas la roue. Elle reste bloquée à la douane. Visiblement on attend que l'on vienne la chercher pour nous soutirer quelques centaines de roupies.
13 heures - à notre retour de déjeuner nous sommes interpellés par un indien qui occupe le bungalow proche du notre. Il a été informé de notre problème par la réception et souhaite nous venir en aide. Dès demain dit-il lorsqu'il sera à Bombay il ira voir le transitaire et récupérera le paquet. Il nous le fera ensuite acheminer directement par son chauffeur avec sa voiture personnelle. Nous le remercions et espérons (avec des réserves) que son intervention sera suivie d'effet.
Le reste de la journée est subitement plus agréable. Nous remarquons à nouveau les dauphins qui profitant de la marée montante suivent les poissons qui pénètrent dans le golfe tout proche. Nous voyons aussi les yeux rieurs des femmes musulmanes, heureuses en ce dimanche d'un peu de liberté. Au repas du soir pourtant identique aux précédents nous avons plus d'appétit.
Le lendemain Jai Rao (nom de l'indien) téléphone pour dire que le colis est récupéré. Il viendra demain dans l'après-midi nous l'apporter.
Thank you Jai
30 November - an improvised help
Un peu avant 13 heures Jai arrive en compagnie de son épouse Naïna. Nous réceptionnons le précieux colis. Celui-ci a été ouvert mais il ne manque rien selon la liste qu'à jointe Danièla. Je monte tout de suite la roue sur le tandem ainsi qu'une manette neuve pour le changement de plateaux. Un essai se révèle concluant.
Heureux nous descendons en soirée dîner avec Jai et Naïna. Au moment de régler nous avons la surprise d'invitants de devenir invités.
Vichnou notre serveur s'est mis sur son 31 pour la photo que je fais avec lui. Pour l'occasion il a rentré la chemise dans le pantalon. Plus tard, la photo, trônera sans doute dans l'endroit le plus en vue de la maison pour que les visiteurs ne la manquent pas. En effet les indiens adorent avoir des photos prises avec des européens qu'ils présentent comme étant leurs amis.
Jai et Naïna insistent pour que nous passions quelques instants dans leur bungalow avant de se dire au revoir. Au moment de les quitter ils nous offrent des fruits, une demie boite de Vache qui Rit et des mini tablettes de chocolat. Il est minuit...
Vrai faux départ - Journée de galère
5 heures - les premières minutes après le lever sont difficiles. Il est trop tôt pour un petit déjeuner au restaurant. Nous mangeons les mini tablettes de chocolat et des fruits. Nous verrons plus loin pour avoir quelque chose de plus consistant.
Le jour se lève lorsque nous partons à 7 heures. Nous arrivons rapidement à l'embarcadère où nous allons prendre le petit bateau pour effectuer la traversée du golfe. L'embarquement du matériel pose des problèmes aux gens du bateau. Ils sont maladroits et il faut que je dirige la manoeuvre pour que rien ne soit abîmé. L'estuaire franchi nous sommes dans le village de pêcheurs de Bagmandala aux odeurs fortes et aux rues sales et étroites. L'endroit est à quitter au plus tôt. A la sortie du village nous prenons à droite afin de suivre la cote et aller vers le sud. Lors de la traversée de deux ou trois villages lorsqu'on nous demande où nous allons et que nous répondons Goa on nous dit que ce n'est pas par là. Nous avons été tant de fois trompés depuis que nous sommes en Inde que nous ne faisons pas attention. Ma carte mentionne bien une route longeant la cote en direction de Goa et à l'écart de la nationale très passante et dangereuse. Plus loin, alors que nous sommes arrêtés à nous reposer, un véhicule 4X4 avec plusieurs hommes à son bord s'arrête près de nous. Celui qui semble être le responsable nous dit que nous faisons fausse route. Un doute s'installe mais nous continuons à faire confiance à la carte. Deux kilomètres après la route devient piste et s'ouvre sur plusieurs directions. L'une descend vers la mer, deux autres entrent dans les terres. Nous descendons vers la mer ou l'on nous dit qu'un bateau fait la navette entre les deux rives. A la vue du bateau moins large que la remorque et guère plus long que le tandem nous hésitons. Notre hésitation est d'autant plus grande que de l'autre coté du golfe le bateau accoste sur une large bande de sable ou la remorque risque de s'enfoncer. Des fonctionnaires (des eaux et forêts) nous disent qu'une des pistes fait le tour par le fond du golfe. Il nous faudra faire 19 kilomètres avant d'arriver au village que nous apercevons à un kilomètre. Nous optons pour cet itinéraire. Après avoir remonté avec peine jusqu'au croisement nous prenons la piste indiquée. Nous avançons difficilement à cause des pierres. Un kilomètre après la bifurcation nous avons un coupe jarrets qui nous oblige à descendre et à désaccoupler le tandem et la remorque. Bernadette pousse le tandem et je tire la remorque. Bernadette prend de l'avance mais arrive au sommet du raidillon épuisée. Elle a le souffle coupé. La voyant en difficulté je la rejoins laissant la remorque calée avec des pierres. Je lui asperge la nuque. Elle se mouille le visage et les cheveux. Un quart d'heure de repos est nécessaire avant que nous redescendions chercher la remorque. Sans son aide il m'aurait été difficile de faire l'ascension de la cote. Après un nouveau repos nous enfourchons à nouveau le tandem. Nous sentons qu'il va falloir manger. Nos muscles sont en manque. Installés à l'ombre nous déjeunons de pain de mie, des quatre parts de Vache qui rit, de la dernière orange et en rationnant notre eau potable. Alors que nous repartons nous entendons un frottement à l'arrière. C'est la roue qui a été réparée à Khopoli qui vient de se remettre en 8. Pour évaluer les dégâts nous nous garons sur un terre plein. Préoccupé je ne vois pas une grosse pierre qui fait basculer la remorque. La deuxième roue plie à son tour et se voile. Nous voici dans l'impossibilité de continuer. De plus nous sommes dans un endroit ou personne ne passe. Nous en sommes à nos réflexions et repérant à tout hasard un endroit pour camper lorsque nous entendons le ronron d'un moteur. Ce doit être un camion. Le bruit continue mais nous ne voyons rien arriver. Laissant Bernadette près du matériel je vais en direction du bruit. Trois cents mètres plus loin je vois un camion arrêté, le moteur au ralenti. Deux hommes puisent de l'eau à une fontaine. J'essaie de leur expliquer mon problème (avec dessins à l'appui tracés sur le sol). Ils comprennent mais ne peuvent pas m'aider. Leur entreprise leur interdisant de monter qui que ce soit. De retour près de Bernadette nous attendons assis sur des pierres. Un quart d'heure se passe avant que nous n'arrivent deux hommes, chacun sur leur moto. L'un d'eux comprend l'anglais. Un coup d'oeil sur les roues termine les explications. Il me propose de m'emmener jusqu'à leur chantier (devant lequel nous sommes passés il y a deux trois heures). Je laisse à nouveau Bernadette seule dans la nature et part à cheval sur une moto. Au chantier je suis présenté au chef qui après avoir donné des ordres à exécuter pendant son absence m'emmène à son tour à moto. Nous allons aux villages que nous avons traversés. Il cherche à nous faire transporter mais ne trouve pas de véhicule assez grand. D'une cabine j'essaie de contacter Jai Rao mais il a déjà quitté Harihareshwar. Ne pouvant pas laisser les ouvriers plus longtemps seuls l'homme me confie à un réparateur de cycles (ou supposé tel). Ce dernier s'arme d'une pince multi-prises et me ramène à moto jusqu'auprès de Bernadette. Pendant le trajet je reçois sur la figure de la poudre rouge que l'homme se met dans les narines (une petite drogue). Sur place mes doutes se confirment, l'homme ne connaît rien à la mécanique. Il semble tellement embué par sa drogue qu'il suggère que l'on mette la roue de secours du tandem à la place de la roue de remorque en 8. Il me faut insister pour qu'il comprenne qu'elle ne sont pas de la même dimension.
Laissant à nouveau Bernadette je repars à moto pour trouver par mes propres moyens un véhicule. Par chance un kilomètre plus loin nous rattrapons un rikshaw avec un plateau et qui sert grâce à des banquettes au transport de personnes. Le pilote de la moto l'arrête. Après un quart d'heure de marchandages le conducteur du rickshaw accepte de nous transporter avec le matériel à Harihareshwar en passant par le fond du golfe pour 700 roupies. Le matériel est monté avec beaucoup de peine sur le petit véhicule (les banquettes ont été enlevées). Le maintien se fait avec de la corde mais je préfère rester sur le plateau à le tenir. Bernadette monte près du conducteur, assise sur une fesse. Au croisement avec Bagmandala le pilote descend vers le port. Il ne veut plus faire le tour par le fond du golfe. Nous arrivons pour prendre le dernier bateau. Le matériel est chargé. Le conducteur du rickshaw demande ses 700 roupies. Je lui dis que le travail n'a pas été effectué comme prévu. Il ne mérite pas plus de 100 roupies. Le patron du bateau qui comprend l'anglais vient à la rescousse mais en notre faveur. L'autre, la tête basse, prend le billet de 100 roupies et s'éclipse avant que le bateau ne quitte le quai. A nouveau du coté de Harihareshwar nous faisons à pieds, Bernadette poussant le tandem et moi tirant la remorque (avec ses roues faussées qui frottent et qui freinent) le retour vers l'hôtel. Les moustiques alors que nous longeons une zone marécageuse s'en donnent à coeur joie avec leurs aiguillons sur nos parties découvertes. Près de l'hôtel nous rencontrons Vichnou qui est tellement surpris de nous revoir qu'il peine à nous reconnaître (dans le noir). A l'hôtel c'est aussi l'étonnement. Le manager est rappelé. On nous donne un autre bungalow (celui où nous étions est loué). Nous regrettons que Jai et sa femme ne soient plus là. Une douche et un dîner avant de nous coucher finissent la journée. Il est 21 heures. Pas besoin de nous bercer. Demain sera un autre jour. Nous verrons ce que nous ferons.